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  • Photo du rédacteurSabine

Des bulles au pied du sapin





Petite revue des coups de cœur bulles de l'année

à mettre au pied du sapin de Noël



(L'abus de bulles est fortement conseillé pour passer l'année)





Un ouvrage tout en poésie surréaliste, au crayonné doux, aux pastels grises et aux pourtours noires. Un « roman » graphique nous questionnant sur notre monde, un monde qui a décidé d’assoir sa toute puissance et de détruire ce qui ne le nuit pas mais l’insupporte. Un manifeste pour la sauvegarde des espèces maritimes, des baleines et autres cétacés, des animaux et si on étend la réflexion au monde autre qu’humain. Un livre d’une poésie folle et à la fois grave dans sa réflexion mais nécessaire et d’une beauté saisissante.

« Ô homme, admire la baleine, prends modèle sur elle ! Toi aussi, conserve ta chaleur au sein des glaces Toi aussi, sache vivre en ce monde, sans être de ce monde. Garde ta fraicheur sous l’Équateur et la vivacité de ton sang au pôle. Comme le grand Dôme de Saint-Pierre, et comme la grande baleine, ô homme, sauve ta température propre en toute saison» - (Herman MELVILLE)



Et cependant derrière ces barbelés d’une terreur féroce se dresse la tendresse, la fantaisie, l’insouciance de l’enfance qui permettent de tenir en vie, contre les glaces et les gelées, les tornades et les coups de fusils. Une douceur poétique, une fantaisie bourrasque de tendresses et de drôleries, une dérision subtile qui donnent à ce roman graphique toute sa valeur et force, son héritage rare et précieux sur la vie, la survie, le gout indescriptible des pépins de pommes, des pommes de terre gelées et des souvenirs. Une émotion rare sur un récit humaniste et universel, sur la vie.

« Comment tricoter de douces paroles ? Il faut d’abord choisir soigneusement dix mots doux. Ensuite, les pensées et les mots vont se tisser seuls et former de douces paroles.»



Superbement maitrisé, on suit le fil rouge labyrinthe de l’histoire. S’armant de courage et d’inventivité, parcourant Londres comme on suit un plan, avec méthode et maitrise. On embarque dans les quartiers, les lieux les plus malfamés, les recoins les plus obscurs avec une gourmandise non feinte. Le cerveau de Sherlock devient un vrai trésor, un grenier, une bibliothèque où chaque pièce trouvée s’empile dans son esprit retors et à la fois génialement organisé. L’enquête à la Conan Boyle se met en place en 3D. Chaque élément est analysé. Mais c’est ce graphisme, cet alchimie des couleurs et du trait, de la conception même des planches qui fascinent, intriguent, donnent cette irrémédiable envie de tourner les pages, tirer sur ce fil rouge qui parcourt l’historie, d’expliquer l’affaire de ce ticket scandaleux. Bluffant.


Alors comme disait Holmes « Elémentaire mon cher Watson. »




Il aurait été simple d’en faire un copié-collé tellement Hegland nous avait construit un décor. Mais Lomig a réussi le tour de force de créer son propre univers, de s’inspirer des mots de l’écrivain et d’en faire son cadre, de tirer profit de sa mine de plomb, de son crayon sépia-noir/gris pour en faire un graphisme somptueux. Un dessin où la dramaturgie de roman renait, prend grâce, délicatesse, raffinement et hauteur. Les émotions surgissent, la grandeur de la forêt et de sa nature prennent son ampleur. La sensibilité du monde primaire se découvre au détour d’un trait, du crayonné, dans le mouvement d’un nuage, de la cime des arbres, dans la rugosité des troncs.

« Bien sûr ce genre de choses arrive. J’ai suffisamment étudié l’histoire pour le savoir. Que les civilisations percutent. Que les sociétés s’effondrent. Il n’y a qu’à regarder Rome, Babylone, la Crête, l’Egypte, les Incas ou les Indiens d’Amérique. Finalement l’électricité n’aura été qu’un accident passager d’à peine deux siècles. Autant dire une poussière de temps à l’échelle de l’histoire de notre monde. Eva et moi faisons désormais partie d’une époque révolue. »



Un roman graphique comme un bon vin qui, malgré la poussière déposée sur la bouteille, se boit délicatement, précieusement avec autour de soi ces visages qui se posent, se regardent et rient du miroir de la vie. C’est beau et ça fait du bien. Un bien fou. Un bien fou comme un voyage qu’on s’autorise, des balades sinueuses dans la poudreuse qui nous font lever la tête, déraciner le corps, plonger avec délice dans la vie telle qu’elle est : des instants fugaces, des souvenirs qu’on laisse et d’autres qui se créent. Des lignes courbes bien mieux que des horizons plats. Des longs couloirs aériens.


« C’est peut-être à ça que servent les histoires : nous aider à vivre. »


Un roman graphique de Quentin Zuitton (qui décidément à l’art de nous toucher vraiment), atelier d’escrime pour les femmes victime de violences sexuelles, qui touche, pointe là où ça fait mal, où ça fait du bien, libère les tabous et fantômes, transperce, donne le la aux esquives et parades, la lumière, l’envie d’avancer, de comprendre ce qui se joue en nous, de ne plus être des marionnettes de ces nuits où la peur règne, de ces coups qui marquent une vie.


« Je ne pensais pas qu’on pouvait me toucher comme ça. »



Un roman graphique sensoriel, comme un album photo où on découvre le uns après les autres les acteurs d’une vie, une pièce de théâtre où chaque acte dévoile un instant de bonheur fugace, une intrigue, un drame, des imprévues ou une transition. On pourrait penser à une farce ou une comédie à l’italienne mais Alfred possède ce charme de nous envelopper dans son aventure où les corps s’expriment bien plus que les paroles, où les possibles deviennent, juste le temps d’une journée, d'un soir, d’une nuit chaude et étoilée, d’un jardin luxuriant, d’une noce burlesque, d'une poésie à l'instant. Une envie de laisser aller et d’accepter le bonheur tel qui se présente sans chercher à le fuir ou se cacher, sans frontière, ni limite. Une ode à l’imprévu.


« C’est ça le bonheur, non ? Quand le moment s’arrête ? »



Un roman graphique peinture absolument somptueux où l’humour mordant à la Daumier, la tendresse, la légèreté, l’espace, l’admiration profonde et sincère donnent envie de replonger dans les toiles et les carnets de Delacroix, les vagues de la plume de Dumas. On tourne les pages et on en ressort avec une forme de Syndrome de Stendhal déguisé. Et c’est beau. Tout simplement beau. Beau à découvrir que sous les caricatures de Catherine Meurisse se cachent une grande artiste, une grande maîtrise du dessin, du graphisme, de l’art.



Retrouver la compilation des bulles de l’année de l’année chez Noukette






Des bulles au pied du sapin

Le petit carré jaune

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