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  • Photo du rédacteurSabine

Quentin Zuitton - Touchées

Dernière mise à jour : 6 nov. 2019


« Des femmes toutes brisées. Oh à regarder de près c’est pas si triste. »

La nuit noire. Profonde. Prédatrice. Une nuit comme une petite et longue mise à mort, un aveu de faiblesse, une culpabilité, une honte. La nuit au couteau de cuisine aiguisé, allongée sur le lit, le long du corps, prêt à affronter les craintes, les cauchemars, les questions et peurs qui peuplent les vides, le cœur, le corps. La nuit, vaste piste de danse des monstres prédateurs prêts à agresser.


Attaquer, riposter, fendre, feindre, toucher et être touchée. Attaquer avant d’être mordue, bouffée, tuée, frappée. Avant de chuter. Parer, escrimer, se défendre, esquiver. Faire face, les pieds ancrés dans le sol, les genoux fléchis et le bras armé, relever la tête, la garde, montrer à l’adversaire qu’il ne vous atteindra pas, qu’il ne vous atteindra plus. L'escrime comme thérapie. Le sabre comme arme.

Ne pas perdre. Ne plus se perdre. Ne plus perdre. En finir avec la terreur, les affrontements, les attaques et défenses, les silences et les jugements, les anxiétés et les morales moralisatrices, déformantes de ceux qui croient tout savoir, qui pensent avoir tout compris. Attaquer avant de chuter, tomber, n’être plus rien. Rien qu’un corps invisible, rien qu’une âme qui se cache, se terre, perd confiance et estime, amour et aimé. Toucher et être touchée. Se laisser toucher. « Touchées ».


« Votre corps parle, écoutez-le. Extirpez vos sensations les plus profondes et utilisez-les. Déchargez la colère, transpercez la culpabilité, tuez la honte. Libérez-vous ! »


Violences sexuelles et conjugales. Violences tout court. Humiliations. Sexisme. Agressions diverses et variées. De ceux avec qui l’on vit, de ceux que l’on croise au hasard d’une rencontre. Inceste, viol, violence, humiliations, emprise. Et la femme en pâture, proie, bête assouvissant un besoin, celui de posséder, de séduire, d’agresser.

Apprendre à parer, comme dans un sport de combat, l’instinct de survie qui fait de la proie, la culpabilité de l’être, la honte d’être, celle qui devient, se reconnait comme victime, escrime ses craintes d’un coup de sabre, apprend à gagner derrière les masques de ceux qui se cachent. Riposter, feindre, fendre l’armure, marquer des points, ne plus retenir les coups, les esquives. Transpercer la culpabilité. Décharger la colère. Tuer la honte. Se libérer.


« Je ne suis pas forte. Tout m'envahit, je sens encore tout son poids. Je veux être légère. Aujourd'hui je pèse une tonne. Je ne veux pas être forte. Je ne veux pas être courageuse. Je veux retrouver ma légèreté. »

Un roman graphique de Quentin Zuitton (qui décidément à l’art de nous toucher vraiment), atelier d’escrime pour les femmes victime de violences sexuelles, qui touche, pointe là où ça fait mal, où ça fait du bien, libère les tabous et fantômes, transperce, donne le la aux esquives et parades, la lumière, l’envie d’avancer, de comprendre ce qui se joue en nous, de ne plus être des marionnettes de ces nuits où la peur règne, de ces coups qui marquent une vie.


Touchée et plus que je ne l’aurai cru par ces 3 femmes, leur courage, leur sensibilisé, leur humanité, leur force déguisée sous une armure de « chevalières-cavalières » éclopées, leurs émotions et l’envie de devenir elle, de se sentir femmes telles quelle, de toucher et d’être touchées.


Un roman sensible, touchant, résiliant, dévoilant le courage qu’il faut pour retrouver sa légèreté, son envie d’être, de devenir, de parer les coups et de réapprendre à danser, à vivre, à être, sans être jugée, frappée, humiliée.


Touchée.


« Je ne pensais pas qu’on pouvait me toucher comme ça. »

Les bulles de la semaine sont à retrouver chez Moka. Et une lecture dont je suis super fière et émue d'avoir fait avec Noukette (comme une belle sororité).




Touchées

Quentin Zuitton

Payot Graphic



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