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Lucie Baratte - Le chien noir

  • Photo du rédacteur: Sabine
    Sabine
  • 4 déc. 2020
  • 3 min de lecture

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« Il était une fois une jeune reine aux chairs meurtries et au cœur mutilé qui s’éveillait dans le lever d’un soleil frileux. Elle s’enveloppait dans les draps. Un pan entier de son innocence s’était effondré dans la nuit. Sa chute laissait désormais son âme à vif, exposée aux courants d’air mordants de l’existence. »

Il faut que je vous parle de ce livre. Je ne sais absolument pas comment je vais vous donner cette envie de le lire, le découvrir tellement il est fort, impénétrable, insondable, relevé, contemporain, mystérieux, culotté. Est-ce un conte, une fable, un univers gothique peuplé de fées, de monstres, d’un prince noir, d’un roi aux mains sanguinaires, d’animaux aux pouvoirs secrets ? Est-ce une histoire, un mythe, une poésie, un conte moyenâgeux, un chant grégorien, de la sorcellerie, un grimoire ?


Comment raconter l'histoire ? Des châteaux, des preux chevaliers, une princesse-endormie-prince-charmant, un ogre ou valet visqueux ? Comment raconter l’obscur, la poésie imprononçable, le gothique, le sang, le mystérieux ? Comment ? Comment raconter le « il était une foi » et le baiser final qui libère le bien du mal ?


En revenir à ce livre québécois découvert grâce à Laurine ROUX, La dévoration des fées de Catherine LALONDE encore une fois ou du roman de Lucie Taieb Les Echappées, Vanessa Bell et De rivières. En revenir à cette langue charnelle, époustouflante, qui détrône l’impensable, envoie valser ce qu’on a l’habitude de lire, imaginer tout ces « il était une fois… », l’enfance, la culture animée et graphique, cinématographique, littéraire…. Une imposture diablement fine, âpre, noire, ensorcelante. Une histoire où la poésie se glisse là où on ne l’attend pas, là où le gothique prend toute sa place, devient flamboyant, où on retrouve les univers d’Emilie Dickinson, de Virginia Woolf mais aussi de Jane Austen, d’Emilie Brontë, ces femmes combattant, par leurs écrits, une certaine idée de la suprématie masculine, du patriarcale.

« Il était une fois un conte né des profondeurs caverneuses de l’humanité. Engendré d’un mythe dévoyé à la force du songe. »

Le chien noir est un conte qui laisse pantois. On se demande comment Lucie BARATTE a pu écrire ce texte moderne, contemporain sous une forme relevant de Barbe Bleu ou d’Edgar Poe. Une montée en puissance, une dévoration des sens, une quête absolue de liberté, d’intelligence, d'émancipation, un tourbillon fantastique, fantasmé, une spirale maléfique. On termine les derniers mots en se demandant ce qu’on a lu, ce qui en transpire. On décante, déstabilisée par sa puissance et l’étrangeté. On y revient. Une fois. Puis deux. On relit des chapitres, toujours aussi troublée, bousculée par l’éclat du désir, du fantasme, de l’émancipation, la modernité, la lumière, l’obscurantisme, la liberté, l’incroyable puissance des sens.


J’aurai pu vous parler de l’histoire d’une princesse à la peau diaphane qui s’appelle Eugénie, une princesse enfermée dans un château par son père, un roi aux mains sales, d’un prince au corps tatoué d’une tête de serpent, d’un valet immonde et d’animaux fantastiques, d’un couloir hanté, de voix susurrant des secrets, d’une forêt onirique éclairée par la lune, d’un chien loup. Mais non…. Je ne vous raconterai pas Le chien noir. Vous le lirez et comme moi, vous vous demanderez ce qui s’est imprégné et ne part pas. Une dévoration des fées.


« Il était une fois une clef qui avait le pouvoir de révéler l’indicible »


Le chien noir

Lucie Baratte

Les Editions du Typhon

 
 
 

1 commentaire


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09 déc. 2020

J'ai beaucoup cette maison d'édition et ce titre m'a particulièrement plus. Quelle atmosphère !

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