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  • Photo du rédacteurSabine

Vanessa Bell - De rivières

Dernière mise à jour : 2 janv. 2020


« ne renonçons à rien il existe le fleuve pour les temps durs et nos têtes méritent un ailleurs souverain »

De rivières : une grenade, une chanson de Clara Luciani, un hymne aux femmes, à ses révoltes, ses libertés, ses douceurs et colères. Une poésie dégoupillant les mots, les rendant torrents, ruisseaux, rivières, dévalant monts et vallées, emportant dans son sillage ses maux et révoltes, ses douceurs et voluptés, ses désirs et résistances, ses puzzles d’un paysage érigé devenant rencontre, fleuve,confluent, delta.


Sauvages, lentes, voluptueuses, indomptables, domptées, libres, De rivières de Vanessa Bell avance le long des grandes ivresses qui parsèment nos ressacs, bouées à atteindre et dépassées. Le cœur s’écarte, éclate sous le regard des mots glissant le long des bras, sonnant les battements et gonflements du ventre, des cuisses réceptacles, les coups, les avortements, les sermons des caricatures féminines idéalisées, les failles secrètes. La colère des sororités gronde, rédemptrice, créatrice d’un corps nouveau, d’épaules dénudées et sauvages, idéaliste d’un monde nouveau, d’une volonté et vérité nouvelles, d’un courage soudainement ressenti. De la vie jaillissent nos désirs, nos fécondes nécessités d’être : fille, sœur, femme, celle qui est. Les cris sourds sombrent dans la résonance du courage, de la volonté, de la joie, de l'envie et de la foi en soi. L’eau dévale, devient océan, se recentre sur ce bassin, prêt à prendre une nouvelle photographie, un nouvel essor, une autre marée.


« les lambeaux sur mes genoux n’arrangent pas l’impuissance d’être mère. »

En quatre parties, les mots de Vanessa Bell viennent se nicher dans nos creux, emportant les échecs et doutes, peurs loin de soi. Ils s’engouffrent dans nos failles, nous déshabillant, remisant nos actes de naissances à plus tard, contractant nos souffrances, ce corps imparfait, dépoli de traces de vie. Ils se faufilent, camouflent, percent nos costumes, décousent nos coutures, nos idées reçues et avortées, remisant au placard les tiroirs éventrés. A bras le corps, on plonge, se noie dans les mots, l’amour, désirant retrouver le nid, la volupté de la chair matrice, alcôve maternelle, la beauté sauvage de la naissance innée. Entourées par celles qui sont femmes, par cette sororité nécessaire, créatrice et Le désir de ne plus nourrir ce lit débordant. La surprise de reprendre vie, matière, douceur, la douleur devenant couleur, chaleur, victoire, colère créatrice, sauvage, effrontée et invincible quelque soit l’issue, quelques soient les méandres, les bancs de sable, les courbes et bassins, affluents, confluents, estuaires ou deltas incertains, transitions et espaces maritimes aux rivières.


Les rivières ne se lisent pas comme un simple poème sur les femmes ou la femme. IL se lit comme ses colères que l'on garde au fond de soi et qui deviennent créatrice d'un être, libèrent l'envie, les idées, osant affronter ce qui nous parait insurmontable, enfantent nos projets, nos enfants, nos volontés. Les rivières comme une insatiable plongée en nous, une renaissance à nos noyades. Un acte d'amour revendiqué. Un lit fluvial à nos rivières indomptées et  indomptables.


« pour m’aimer sois furieux c’est sous l’eau que j’accepte de me rendre »

De rivières de Vanessa Bell comme un ventre, une grossesse, la vie emportant dans son sang, dans ses remous, la colère et la révolte, l’idée de la liberté d’être femme quelques soient les miroirs et seins, sa liberté. De rivières,de Vanessa Bell, héritière d’Annie Ernaux, Virginia Woolf, Jeanne Benameur...


Comme une Sainte Victoire.




« n'ignorez pas vos colères elles sont vos romances Sans compromis – aimez »



A lire chez la très belle chronique sensible d'Amandine « L’Ivresse littéraire »




De rivières

Vanessa Bell

La Peuplade







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