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Marie Hélène Lafon, Claire Angelini - Ecrire serait l'épicentre du jour

Dernière mise à jour : 30 janv. 2020


«J’ai longtemps été incapable de ne pas quitter la table de travail, toutes affaires cessantes, pour remettre dans le rang un livre qui dépassait, débordait, faisait bande à part sur une étagère ou dans une pile et, sans y réfléchir ni même s’en apercevoir »

Ecrire serait l’épicentre du jour, la faille sismique, l’infime peau du centre du monde, de la croûte terrestre, la projection d’instants minuscules qui prennent naissance sur la feuille, deviennent source de position, de localisation, d’une place sur l’échiquier des mots, le foyer de ce moment ultime où l’encre se dépose, la force jaillie.

Ecrire serait cette possibilité d’être dans un jour nouveau, naissant. Une fragmentation de l’infiniment plausible, de l’infiniment petit et grand, de l’observation au jaillissement, de l’incertitude au saisissement tels des motifs qui parsèment notre quête, nos jours.



« Je ne m’alanguis pas encore volontiers sur la chaise longue, sauf certaines nuits, quand avant de monter au lit, si tout le monde est déjà couché, et si le ciel est clair, enveloppée dans le plaid orange, tête renversée, ivre, je bois les toiles innombrables et insensées. »

Ecrire serait un séisme, un craquement, un ébranlement de nos certitudes, le frisson du jour naissant, un canevas, un entrelacement des forces possibles fusionnant, signant l'acte, confirmant le temps, la longue errance, l’observation, l'instant : un verre de cassis, le fleurissement d’un bouquets, le frottement d'ailes d’une mouche, le bruit du râteau délivrant les feuilles, le coupe-coupe d’un sécateur, des chaises longues s’étendant devant un paysage du cantal, attendant l’allongement des corps tels des mots sur une feuille blanche.


Ecrire serait un calendrier, des dates, un temps, une faille précieuse, infime, une beauté des choses qui soulève, bouleverse, remet au centre des choses, des instants.


Ecrire est l’épicentre du jour.


« Constamment le beauté des choses me soulève ; et me transperce parce que les premières feuilles mortes craquettent sous le tilleul et que le calendrier est inéluctable. Constamment. Depuis plus de cinquante ans. La lumière est blonde. Ecrire est l’épicentre. »

A lire et retrouver les mots de Marguerite Duras et ceux de MH Lafon dans Chantier, Journal Pauvre de Frédérique Germanaud, l'éloge des fins heureuses de Coline Pierré...




Ecrire est l’épicentre

Marie Hélène LAfon

Creaphes



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