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Vincent Villeminot - Nous sommes l'étincelle



« Nous faisons sécession.[…] Nous construirons des cabanes, nous nous inventerons une vie. Nous serons quelques milliers, peut-être quelques dizaines de milliers au début. Peu importe. Nous n’aurons rien… »

Pendant longtemps j’ai cherché (et cherche encore) à canaliser ma colère, à ne pas laisser le/les troubles m’envahir, accepté de comprendre que les mots criés ne semaient que cohortes et discordes, désordres. Un grondement sourd qui meublait mes pensées, confinait mes espérances en une croyance insensée, gargarisait émeutes et impatiences. La colère comme une organisation révolutionnaire, conflictuelle, l’anarchie, la solution radicale du poing et des armes, du courage déguisé derrière un masque dur et tranchant, puissant et volontaire, galvanisant un feu, un brasier, une bataille contre un ennemi, un ordre, un monde, une idée. Immoral, anti sociétal.

Cette colère, ce bouillonnement qui est en chacun de nous et que nous tentons désespéramment de canaliser, cacher, camoufler, ne pas laisser déborder devant la bonne morale édictée, éduquée. Comment comprendre que c’est aussi sur cette colère que se bâtissent des idées, des émotions, un quelque chose, qui peut devenir sublime, construire une parcelle d’un destin. L’étincelle d'une/de vie.


De Vincent Villeminot, je n’en avais jamais entendu parler avant l’aventure des 68 premières fois et de son sublime « Fais de moi la colère ». Je ne connaissais pas, parce qu’il existe en France un référencement qui dissocie, sépare la littérature jeunesse, ou jeunes adultes (YA), à celle d’adulte, la vraie, la puissante, celle qui s’écrit en lettres capitales. Terrible erreur. Terrible erreur de ma part et de celle d’une culture qui différencie la littérature. Terrible méprise car finalement la littérature dite YA est un terrain fertile à d’autres mots, d’autres romans, d’autres formes littéraires.


« Nous sommes l’étincelle ».


Un monde futur, un possible où une partie de la population, une jeunesse, a décidé de construire autre chose, de se réfugier dans des parcelles de forêts, de retourner vers un monde où revenir au principe de vie est faisable, réalisable, prioritaire. Une autre vision, un autre rêve. Un monde sans violence, ni verticalité, sans consommation excessif, immature. Seule la vie est valeur, seule l'humanité est vecteur. Être une vie, une étincelle, un destin possible. Se confronter ensemble aux besoins collectifs, à une construction nécessaire d'un monde différent, sans violence, égal, partagé.

Un monde où les possibles sont des hommes et des femmes, des êtres, un espace naturel retrouvé. Un territoire à défendre, développer naturellement.


« Nous sommes l’étincelle ».


Nous sommes une vie. Nous sommes la vie. Nous sommes un possible, un futur qui se construit, devient, emprunte des chemins contraires, bâtissant une autre société, un autre projet. Nous sommes des survivants, enfants, adultes, femmes, hommes, d’un monde où nous ne trouvons plus notre place, nous expulsant derrière des barrières, des zones surveillées, canalisées, maintenues sous un régime de forces se cachant derrière des lois, des décrets, des arrêts. Nous sommes l’étincelle d’une vie, d’une croyance en des projets fous et sublimes, utopiques, une colère organisée d’un possible retour sur soi, sur un espace respecté, construit, partagé. Une nature protectrice, simple, saine. Une survivance, une idée philosophique, sociologique, politique, humaine où l’amour est loi, décret, foi, croyance, univers. Une étincelle.


Vincent Villeminot est loin d’être un auteur que l’on peut qualifier d'auteur uniquement jeunesse. Il est. Auteur. Romancier. Il écrit à la force de son amour des mots, ouvre des parenthèses nous menant sur des chemins de réflexions, invente son monde qui percute le notre, donne un souffle, un courage, une colère saine et vitale, un amour. Il apporte une réponse, pose une explication en une littérature, une poésie, draine une ouverture d’esprit, déshabille nos conforts littéraires en douceur mais avec conviction, nourrit nos rêves d'une jeunesse oubliée. Il est. Romancier. Auteur. Peu importe si jeunes adultes ou pas. Il est. Et il donne ce sentiment qu’enfin la littérature peut être, devenir, ouvrir, un souffle, une étincelle, un feu brasier qui sauvegarde les idées, les croyances, un possible monde, un « ciel juste après l’orage quand il se lave de la pluie et que le sol fume.»


« Nous sommes l’étincelle ».

« On dit que quitter l’enfance, c’est perdre ses utopies. Devenir raisonnable. Moi je crois que c’est l’inverse. C’est plutôt les choisir. »

(Cette chronique ne résume en rien l’histoire lue. Elle est même partie dans des directions diamétralement opposées. Parce qu’il y a des histoires qui ne se racontent pas mais qui se vivent, les tripes et le cœur grand ouvert aux rêves, parce que la colère qui gronde devient soudain possible et belle, douce et mélodieuse. Vitale et réelle. Saine. Des possibles utopies rêvées. Parce que l’amour est le message qu’il faut retenir. Au-delà de tout. Des guerres, des errances, des orages et des poings. Et qu’il faut continuer à rêver, à maintenir son étincelle. La vie)



Nous sommes l’étincelle

Vincent Villeminot

Pocket Jeunesse

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