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  • Photo du rédacteurSabine

Thierry Murat - Le vieil homme et la mer

Dernière mise à jour : 22 janv. 2020


« Peut-être bien qu'on est pareils, tous les deux... Mais tu sais, poisson, même si t'es mon frère, t'es tellement extraordinaire qu'il faut que j'te tue. Heureusement qu'on est pas obligé de tuer toutes les choses extraordinaires... Heureusement qu'on n'est pas obligé de tuer les étoiles ou la lune pour leur prendre la lumière ! Peut-être bien qu'un jour, les hommes se mettront en tête d'aller tuer le soleil... Qui sait ? »

Moby Dick. La grande baleine blanche de Melville. Le mythe de la proie et de la liberté, de la cruauté de l’homme sur l’animal, de la puissance de la violence, de la richesse, la haine, la hargne. Moby Dick et le vœu de la foi, la croyance en l’animal, en la force et les ressources qui existent en nous, en une renaissance possible malgré les noyades, les harpons qui viennent crever la peau, martyriser le cœur.


Moby Dick de Melville et Le vieil homme et la mer d’Hemingway. Deux livres sacrés.

« Je t'ai pris par traîtrise. T'avais choisi de rester dans les eaux profondes, loin des hameçons, loin des traîtres. Et voilà que j'ai décidé d'aller te chercher tout en bas, chez toi, à plus de cent vingt brasses... Peut être que j'aurais jamais dû devenir pêcheur... Mais qu'est ce que j'aurais bien pu faire d'autre ? Tu peux me le dire, poisson ? »

Le mythe du pêcheur à la peau burinée, du vieux cubain partant à la recherche du poisson mystique qui lui apportera non seulement la pitance, mais la reconnaissance, la vie. Un vieil homme sur sa barque, une vulgaire coque de noix, une voile et des rames, un lampion pour la pêche de nuit. Un vieil homme habitué à ramener un filet vide, quelques poissons, un infime repas négocié avec la mer, cette grande étendue bleue qui s’étend devant ses yeux. Le vieil homme et ce poisson aux ailes nageoires déployées, aux écailles brillant sous la lune, le soleil, n’acceptant pas la défaite, se battant jusqu’à l’épuisement, jusqu’à la lutte finale. Une longue conversation entre le pêcheur et la mer, entre le vieil homme et l’espadon, entre lui et sa vie, sa détermination et la liberté esquissée.


Thierry Murat s’est emparé du roman d’Hemingway, de la pensée et sagesse, d’en retranscrire sa poésie, la lutte, la conversation entre un homme et un poisson, entre la vie et la mort. Et comment en définir le graphisme, en faire une œuvre, un tableau qui remet le roman, sa philosophie, à l’honneur ? Sublime Murat, sublimes traits épurés, simplifiés dans la notion même du récit. La poésie se dégage dans chaque page, chaque case. Les couleurs se posent, jouant entre les étapes de journées, de jour et de nuit, de cet espace temps, de sa lenteur, définissant la vie, l’instant, le moment. Le paysage marin se déploie, devient le personnage, le lieu qui donne vie, combat, lutte, champ de bataille entre un homme et un poisson comme une philosophie de vie, une notion même du sens de l’existence.

Et en ressort l’humilité et le respect du combat, de l’adversaire. En ressort l’envie folle de retrouver les mots d’Ernest Hegminway, de s’emparer de la philosophie, la beauté de la lenteur, des couleurs flamboyantes et ce bleu océan, nocturne, sublimées par le graphisme et la palette de Thierry Murat.


« C'est ton droit camarade. Je n'ai jamais rien vu de plus grand et de plus noble que toi. Alors, vas-y, tue-moi. Ça m'est égal, lequel de nous deux tue l'autre. »


Les bulles de la semaine sont à retrouver chez Noukette. Et relire le roman d'Ernest Hemingway





Le vieil homme et la mer

Thierry Murat

Futuropolis




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