« Tu sais, petit frère Personne ne vole Les éléments sont humains Une personne d’air Une personne de feu Une personne d’eau Personne ne peut voler la terre Qui t’a vu naître Personne ne peut voler Ton sourire. »
Lire Joséphine Bacon, c’est entrer de plein cœur dans une poésie d’un autre monde, d’une autre terre, une voix oubliée qui ressurgit et nous suspend dans le temps. C’est une femme de paix, une femme qui fixe l’horizon et nous offre un chemin, un autre rivage, une vision qui vient de loin et nous enveloppe, entend, transporte. Elle conte les silences, décrit les espaces, donne volume aux sensations, à l’immensité du paysage, de la Terre dans son sens primaire, primitif. Elle agrandit l’humanité, offre la parole à ceux qui nous entourent, ce qui nous encercle, nous porte.
« Je ne peux m’empêcher de retourner Aux bruits que j’aime La parole des aînés Les vibrations de la terre »
Uiesh Quelque part ne déroge pas à sa règle, à sa façon dont elle nous transmet une mémoire, une vision d’un monde de respect, de lumière, de vie. L’écriture fluide de Joséphine Bacon, ses mots désarmants sont d’une simplicité humaine, naturelle et nous portent dans l’immensité d’un territoire oublié, d’une terre nature, d’ancêtres à la voix et la pensée profonde, sage, habitée. On se surprend à entendre, écouter ces voix, ces transmissions, cette humilité respectueuse d’une langue surprenante, réconciliante avec notre propre horizon. On lit et relie les mots lus, cherchant dans le noir, la lumière qui nous emmène en dehors de nous, loin des ravages d’un espace dessiné, étriqué, comme une identité retrouvée, un serment acquis depuis des millénaires.
« Tu m’amènes dans un sentier Tu écris dans le vent J’avance derrière toi J’observe le crayon qui dessine Ta liberté »
Uiesh Quelque part est d’une beauté troublante, ensorcelante, douce, chaleureuse. Une réconciliation avec notre soi profond, avec nos ancêtres et la paix. Une grande très grande poétesse. Une grande, très grande dame. Et un des plus beaux recueils lus depuis longtemps.
« J’écoute tes larmes Comment te consoler J’aimerai chasser ta souffrance T’offrir le sourire d’une étoile »
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