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Vincent Delerm - C'est un lieu qui existe encore

Dernière mise à jour : 24 oct. 2019



Vincent Delerm, ses mots, ses photos, son regard qui sont les miens, ses écrits. Ce regard mot tendre, acidulé, drôle, démodé, poétique. Et ce titre « C’est un lieu qui existe encore », suivi « L’été sans fin » et « Songwriting ».

Un triptyque.

Trois livres. Trois couvertures.

Trois plongeons dans sa poésie des mots et de ses photographies, de sa vision des effacés, des silences, des endroits qui ne parlent plus qu’à ceux qui regardent les détails de la vie qui bat. Portraitiste du rien, de l'invisible, de l'absence.

« Dissiper le brouillard. La jeunesse de Grand-Pierre je la savais un peu, par bribes, par allusions. Mal. »

Comment vous dire que j’ai ressenti les lieux encore plus forts, les histoires racontées par Grand-Pierre avoisiner celles que l’on m’a racontées, narrées, enfant.. Comment vous faire parvenir cette émotion, cette beauté devant les mots et les photographies mal cadrées qui ne sont que la vie, ses rêveries, son histoire, ses souvenirs.

Vincent retraçait celui qui n’est plus là mais qui demeure dans son cœur. Il m’emmenait sous son regard et les paroles enregistrées à renouer avec Grand-Pierre, né ce 23 mai d’une autre année à St Etienne au 19, rue des Frères-Chappe. Une mère épicière et un père photographe-agrandisseur. La 1ère guerre mondiale déjà et son cortège de fumée.


« A l’époque le photo amateur n’existait pratiquement pas. Les gens faisaient faire des portraits des êtres chers, souvent à partir d’une petite photo de groupe. Le principe c’était qu’à partir de cette photo d’ensemble, on fabriquait un négatif et puis on l’agrandissait pour réaliser un portrait qui faisait en général trente sur quarante. Ou quarante sur cinquante. Et parfois même en couleur, parce qu’ensuite il y avait un retoucheur qui mettait les yeux bleus, les lèvres roses… »


Et puis à quatre ans Paris. Paris la vie, Paris les manifs des années trente, Paris et son cinéma, La Cigale, La Goutte d'Or, les cirques de Médrano, les cigarettes, les escaliers, les drapeaux rouges, les grèves et les défilés qui venaient de la place de la République, l’école de la rue des Poissonniers, le Vel’ d’hiv d’avant le Vel d’hiv si endeuillé, le jardin d’acclimatation, la zone, le village de bois et les Allemands, la roue voilée, les rencontres, l’exode obligé, le retour dans la capitale, l'amour et la vie…



Il n’y a pas de lieux absents, de souvenirs disparus. Il n’y a pas d’objets qui demeurent invisibles, de racines qui ne reprennent pas. Il n’y a pas de fil qui demeure cassé, effiloché. Il y a ce « lieu qui existe encore », ces marques qui sont nous, nous font, nous élèvent, nous grandissent, nous fabriquent. Ce lieu demeure, « existe encore ».


« Noter les adresses évoquées. Revenir sur les lieux qui existent encore, sur ceux qui se sont effacés, sur ceux qui ont disparu. Photographier au présent. »


C'est un lieu qui existe encore

Vincent Delerm

Actes Sud

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