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Photo du rédacteurSabine

Thomas Vinau - Le coeur pur du barbare



La nuit tombe déjà combien sommes-nous à longer le bord de nos plaies en croyant regarder la mer

Thomas Vinau est un poète cabossé. Le genre de vagabond errant de feuille en feuille, sautillant entre un regard d'enfant innocent et d'adulte décalé des choses importantes, des quotidiens rythmés, normés. Nomade du vers, de la prose, du slam, du rap, il mêle les existences sauvages à la beauté de l'instant.


Nulle préférence. L'inconsolable, la mélancolie, l'amour réfractaire des grandes pensées, le caillou dans la chaussure qui rappelle l'existence, le marché pas droit, le sensible à l'encre noire délavée par les larmes salées, l'intime et l'alchimie entrelacées, la boite d'allumettes ouverte et éparpillée près du feu dressé. Tout est là entre deux mots, entre un silence et un rien, entre le pas pressé et le lâché prise. Un rien comme un grand tout, une note à la beauté du quotidien, d'un quelque chose ou d'un trois fois petit grand rien.


Le lire est lire ce qui gratte, ce qui sauve : la faute d d'orthographe, le fragile et le beau, la douceur perdue regagnée, la tendresse maladroite, l'amour picoré à la lueur d un petit matin. Le lire est une gorgée de lait, un bourbon frelaté, un vin corsé, une rasade d'eau fraîche, d'eau de vie. Le cœur pur du barbare, le cœur pur de l'enfant, de l'errant, du vagabond sous les étoiles, du sauvage tendre et généreux, pur.


Dire l'affection oui oui l'affection que j'éprouve pour ce pneu pourri enfoncé dans le fossé pour le chardon qui y pousse pour le fossé

On en vient à aimer ce qui ne l'est pas, à tendre la main au délaissé, au fatigué, à celui ou celle qui ne rentre pas dans les cases, qui poursuit les chimères et les rêves impossible à réaliser. On en vient à aimer ce qui a été perdu avant d être gagné, à aveugler de lumière l'obscurité. On en vient à aimer le rien, la vie, l'ami, les blessures et les chagrins, les rires et les sourires.


On en vient à aimer la rature sublimée, le caillou dans la chaussure, l'épine dans la main. On en vient à aimer ce qui est imparfait.


Ecrire c'est creuser un puits pour en boucher un autre


Le coeur pur du barbare

Thomas Vinau

Le Castor Astral




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