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Thomas Vinau - La part des nuages



« La peur et la joie. Pile ou face. On vit toute une vie avec ça. La peur ou la joie. Être une pièce. On tombe d’un côté ou de l’autre. On choisit, plus ou moins, de quel côté on tombe. La joie est le dos de la peur. Quand l’une s’éloigne, on distingue le sourire sur le visage de l’autre. On est les deux. »


Monsieur Thomas Vinau,



Permettez-moi de vous appeler Monsieur. Thomas est trop intime. Vinau trop court, trop sec, dur, intransigeant. Je viens de lire votre roman, « La part des nuages » Il trainait dans ma bibliothèque en attendant une météo plus clémente, une hibernation, une pause dans mon horloge folle d'un temps qui court. Alors bien sûr, tout a été dit sur « La part des nuages ». Depuis sa sortie en 2014, vous avez dû entrevoir de multiples louanges et vérités sur ce petit ouvrage, pépite mélancolique de nos états d’âme plus qu’humaines. Je ne vous ferai pas l’affront de vous dire que j’ai aimé. Cela serait peu et pauvre comparé à vos mots.


Vous avez cet art, Monsieur Thomas (tiens j’aime bien Monsieur Thomas… cela pourrait s’apparenter à une forme d’intimité respectueuse). Donc oui, vous avez cet art, Monsieur Thomas, de transplanter nos petits quotidiens grisâtres, poussiéreux, poussifs en lendemains tremblotants dans la lueur du jour perçant. Vous avez cette grâce de sublimer nos vitres sales, nos papiers jaunis, nos pas hésitants en ivresses joyeuses, en petites victoires sur les misères du temps. J’aime votre mélancolie poétique, vos bourrasques de saisons, vos larmes qui reflètent les lumières de la vie. J’aime vos rires tonitruants et pourtant silencieux, vos regards posés tendrement sur les cicatrices de la vie, vos soifs de découvrir un autre monde, une autre voie. Vous décrivez la joie comme peu savent le faire : les joies simples, vraies, réelles, sincères. Celles qui d’un coup de sourire timide, enlèvent les soucis, les cafards et autres insectes rampants dans nos âmes souterraines. Vous avez cette grâce de décrotter nos pieds de cette terre qui s’amasse et colle.

Avec vous la météo pluvieuse devient pleine de grâce, allongeant les gouttes comme s’allongent nos larmes. De bourrasques, elles deviennent bienveillantes, douces, tendres, nécessaires. Elles nous tendent à voir au-delà des amas cotonneux, cette part lumineuse qui est en nous.


On vous l’a déjà dit, mais vous êtes un poète Monsieur Thomas. De ceux de la veine des apprentis du temps, des burineurs de la vie, des ramasseurs d'étoiles. Vous avez l’art des mots sauvages et simples, silencieux et gouailleurs, décortiquant la boue et traversant les nuits lumineuses. Vous avez la bonté d’essuyer les orages et de glorifier les instants de bonheurs fragiles. En fait vous êtes un météorologue. Oui c’est cela même, vous êtes le météorologue de nos âmes perdues, de nos rires ensorceleurs, de nos yeux qui cherchent entre deux percées à entrevoir la lumière, à s’en rendre aveugle et silencieux devant tant de beautés simples et précieuses. Vous êtes notre météorologue poète, celui qui d’une phrase déposée, vient nous prendre par la main et nous sortir du pétrin, de cette grisâtre dans lequel on semble vouloir s'enliser. 

Et c’est cela que j’aime en vous, Monsieur Thomas. Votre simplicité à faire de nous des vagabonds des étoiles, des bienheureux d’un jour, d’une nuit, un chercheur de simplicité, un décrotteur d’instants de gloires et de petites victoires. Vous êtes le d’Artagnan de la prose, l’orpailleur de nos âmes. Vous êtes un astre filant sur une planète bleue.


Merci Monsieur Thomas Vinau. Et si jamais un jour vous décidez de vous "recycler", n’hésitez pas à vous reconvertir en présentateur d’un journal télévisé. Cela nous ferait du bien de voir entre deux pages d’informations grisâtres, une part de nuages bleutées, lumineuses, gaies.



« Repousser ce moment où l’instant capitule. Pousser des pieds la nuit. S’étirer tranquillement et prendre de la place. Se donner de la place. Là. Ici et maintenant. Entre chien et loup. Au mitan de la défaite et des rêves. Quel drôle de pli on prend à attendre de vivre. Quelle drôle de manière de courir ainsi après la fatigue et de laisser demain prendre la place d’aujourd’hui. »



La part des nuages Thomas Vinau Alma Éditeur

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