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  • Photo du rédacteurSabine

Thomas Vinau - Il y a des monstres qui sont très bons







« Nous sommes la horde des fossés de l’herbe gelée du goudron nous résistons par notre souffle. »

Il y a des monstres, des chiens galeux, des ours mal léchés, des méduses sirènes, des pouilleux, mythologique, des chimères oniriques qui ornent nos nuits, décorent de leurs présences nos films d’honneurs, nos rêves prémonitoires, nos nuits blanches. Les fantômes surgissent aux coins des nuits sombres, l’armée des ombres approche. Claudiquant, boitant, sautillant, au loin, dans la brume matinale, la cicatrice des nuits, ils sortent de leurs trous. Mi- animaux, mi-hommes, nul ne sait vraiment qui ils sont, loques pourrissantes, vitrificateurs de trottoirs butinant dans la lumière naissante. Ils débarquent, sortent du givre, de la rouille naissante du soleil, traces fraîches de leurs présences. Ils possèdent un monde.


Et pourtant sous les yeux clos terrorisants se cachent la tendresse des délaissés, ceux qui d’un battement de pattes déposent la mouche sur le beurre rance, la vitre poussiéreuse. D'un jappement terrible, ils se faufilent entre nos jambes, nous protègent de leurs corps, face aux ennemis apeurés. Animés de leur tendresse débordante, de leurs crocs aimants, ils trainent, désertent la nuit, se penchent sur l’ivoire matinal. Leurs pas froissent la neige vierge. Une cour des miracles où l’amour est ponton des fous, trottoir des sacrés.


« Des êtres vivent dans ce pays. Leur peau est recouverte d'ombre. On voit parfois leurs yeux, jamais leurs visages. Ils sont comme des fleurs froides. Ils mangent le verre brisé, éparpillé, des rayons d'un soleil qu'ils ne perçoivent pas. […] Des gens s'aiment ici, se parlent, s'embrassent. Je ne sais pas comme ils font. Mais leurs forces sourdes à travers les glaces. Je sens palpiter l'obscurité chaude de leur sang. »

Et puis il y a Thomas Vinau qui répond à nos silences emplis de peurs par le sourire du monstre, l’édenté, le boiteux. Rêve, cauchemar ? La lumière brille sous le voile de l’aurore. La vie fourmille naissante des premiers rayons solaires. D'une plume mêlant proses et vers, pieds et plumes, bruits et silences, laideur et beauté, il compose une ode à la monstruosité, à ces êtres mi-animaux, mi-hommes, ces vagabonds de nos nuits apeurées. Un éloge de la beauté des hideux et des grotesques, un éloge des silences et de l'ombre solaire.


« La poésie peut raconter des histoires. La poésie peut être un film d’horreur, une blague, un cri sauvage, une nuit blanche d’adolescent, une question, un naufrage, un dialogue. La poésie a tous les droits tant qu’elle sait s’adresser à l’autre en restant sincère. Je voudrais qu’elle soit l’air frais que fait tourner la bête en dansant sur elle-même. Je voudrais qu’elle soit une fenêtre qui s’ouvre, pour s’échapper et se retrouver. Le sourire du monstre qui répond à notre silence. »


Il y a des monstres qui sont très bons

Thomas Vinau

Le castor Astral

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