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  • Photo du rédacteurSabine

Thierry Murat - Ne reste que l'aube



« A l’heure blanche et éphémère de tous les matins des hommes, le repos de l’âme n’est qu’une chimère pleine de contrecoups. »

Tomber dans le graphisme et les histoires de Thierry Murat n’est jamais innocent. Le diable est en lui, le questionnement perpétuel de la création, de l’art, la recherche continuelle de l’éternité, la soif de connaissance d’un monde qui se délite, se déplace, mute, se déshumanise. Il aborde la noirceur dans toute son ampleur, celle de l’âme, celle du cœur, celle des corps. Et pourtant derrière ce caractère qui pourrait sembler sombre, gothique, se cache une grande profondeur, une perception d’un monde autre, d’une ouverture et connaissance de l’humanité, un regard aiguisé, une force sublime de l’illustration, du dessin, des matières et aplats, une poésie folle.


« Le bruissement du temps se rétrécit. Tout passe et tout s’évapore en pourritures célestes. Les siècles se succèdent aux siècles. Et l’odeur fanée des amitiés perdues s’étiole indéfiniment. Est-ce une raison pour fermer la porte aux parfums à peine éclos dans la poussière ? Je n’en sais rien… Comme tous ceux de mon espèce, je n’ai aucune sorte d’empathie pour les indigestes questions philosophiques de l’humaine condition. Tout passe et s‘évapore en pourriture célestes. »


Ne reste que l’aube appartient à cette catégorie de romans graphiques, bandes dessinées difficilement racontables. Quasi un ovni, une prouesse interrogative, questionnant notre vie, notre mort, notre rapport face à l’immortalité, à la globalité d’un monde, sa subversion, la dépendance, le pouvoir des réseaux autres médias, d’un monde devenant obscur objet du désir des hommes.


Thierry Murat nous renvoie au mystère de Dracula, au vampire qui dort en chacun de nous, la quête d’un pouvoir, d’un honneur, d’un mystère au détriment de ce qui existe. Difficile de décrire les émotions sensations ressenties tant la beauté est dans chaque page, la noirceur dans chaque case, chaque toile d’un maitre face à celui qui le regarde, l’entend, entre dans sa vie. On capte le geste, la détresse, la danse folle de la main sur le pinceau, la toile. On entend les paroles comme une confession macabre, une transe morbide et tentaculaire, une folie de l’âme, la morsure n’étant jamais loin. L’agilité des dialogues, la profondeur des interrogations, de la psychologie déployée, des questions philosophiques d’un monde en état de décomposition et d’asservissement avancé sont nombreuses et font écho. Tout est suggéré et pourtant tout est dit, là, sous nos yeux, entre force et beauté, entre envie et répulsion, le noir attirant le noir, le désir animant l’envie.


« L’acte de tuer libère du désespoir. »

C’est beau comme le diable peut attirer, hypnotiser, comme la morsure peut être puissante et enivrante. C’est fort comme une peinture de Pollock, comme une mélancolie lugubre envoutante. C’est Thierry Murat et juste pour cela « Ne reste que l’aube » est d’une hypnotisante et envoutante poésie, une noirceur de l’âme lumineuse, éclairante, bouleversante « et le goût du sang est la seule réponse », « Le dénouement lumineux d’une errance éternelle. »


« Le bonheur des mortels ne dépend que d’eux-mêmes, aux

A retrouver chez Noukette qui est décidément une véritable tentatrice.




Ne reste que l’aube

Thierry Murat

Futuropolis




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