Chers Sitan, Ahmed, Laëtitia, Inès, Fatoumata, Paranitharan, Dehbia, Teddy, Youssouf, Célia, Alexandre Akim, Macira, Salimou, Watshy, Mathilde, Djamila, Lyes, Max, Gabriel, Helga, Gregorio, William, Sara, Dalcy, Carolina, Ibrahima, Bryan, Moustapha, Salimou, Alexandre, Mahamadou, Louis, Sofia, Daouda, Aïcha, Mahdi, chers tous, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui.
Quand Sabine m’a demandé d’écrire une lettre pour la partager, c’est à vous que j’ai pensé.
Certains d’entre vous ne sont plus à l’école, sont entrés en formation, travaillent. D’autres viennent d’arriver. Cela fait un peu plus d’un an que, tous, vous écrivez avec moi. Quelques mots seulement, plusieurs pages parfois.
Depuis le 16 mars, l’école est fermée.
Nous ne nous voyons plus.
Ces derniers mois, il m’arrivait de regretter le temps où je ne faisais qu’écrire, le temps sans RER, sans horaires, sans ateliers à préparer. Aujourd’hui, c’est vous qui me manquez.
Le cahier de brouillon confié à la fin d’un atelier
La photo d’une petite fille sur un téléphone
Un thiep partagé
Des fous rires
Des accents
Des yeux fermés pour mieux se concentrer
Une écriture ronde, soignée
La fierté d’avoir orthographié un mot sans faute
Des larmes retenues
Des efforts
Des questions
La colère
Un visage qui s’ouvre
Un foulard noué sur la tête en sortant de l’école
Les couleurs d’un tissu africain
Un film
Une voix douce
La douleur
Le besoin d’être rassuré
Tout ce que j’observe.
Tout ce que vous m’offrez.
Vos textes si beaux, ce que vous écrivez sans jamais chercher à bien écrire, ces mots que vous laissez sortir et que vous acceptez de lire aux autres. Ceux que vous préférez garder pour vous mais que vous me laissez découvrir par-dessus votre épaule. Ce que vous dévoilez et qui parfois est si dur que je n’arrive plus à parler. La confiance qui naît et celle qui revient, peu à peu. Les liens que vous tissez entre vous, avec les formateurs, avec l’équipe. Il y a le mot chance dans le nom de l’école. Cette chance, c’est aussi la mienne et j’avais envie que vous le sachiez.
J’ai hâte de vous retrouver.
Sophie
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