top of page
Photo du rédacteurSabine

Sophie Lemp -Le fil


« A la première lecture, j’avais aimé la simplicité de ces trois carnets, le quotidien qu’ils décrivaient. Le récit de nos journées ensemble, les petits et les grands évènements de sa vie et de la mienne. Tous ces souvenirs, livrés ainsi, me bouleversaient. En les relisant, je découvris qu’ils étaient aussi emplis de petites phrases sur la vie, glissées ça et là comme autant de clés et de pistes de réflexion. Aujourd’hui je me dis que dans ces carnets, il y a tout ce qu’elle m’a apporté. »

Il y a des livres que l’on a peur d’ouvrir parce que certaines images gardées sont ces moments où la vie s’est arrêtée, comme ces souvenirs qui s’amassent en nous, qui sont nos trésors d’enfant, d’adulte. Et puis un jour, on ouvre l’album retrouvé et les photos conservées, ces images-bonheurs. Ces mots écrits qui sont la base de notre personnalité, ce que nous sommes, ce quelque chose de fragile, sensible, un fil transmis entre eux et nous. Ce quelque chose que l’on appelle l’amour, qui aide à grandir, est là, dans notre cœur, nos souvenirs et qui y demeurent bien au chaud.


« Son visage penché vers moi, souriant, son regard bienveillant, le col de son chemisier boutonné, sa peau douce, ferme, peu ridée. Elle est petite, porte des lunettes dont les verres foncent au soleil, ses mollets sont galbés, sans varicosités. Elle marche d’un pas alerte, a souvent les mains et les pieds glacés. […] Parler avec elle, sentir qu’elle m’écoute avec une attention sans faille, m’apaise. Elle est ma colonne vertébrale. Mon repère. »


Bientôt deux ans qu’elle n’est plus là. Bientôt deux ans et tant de souvenirs qui restent en mémoire, tapis dans un coin du cœur, ressurgissant à la vue d’un dessert, l'écoute d’une histoire, d'une chanson et glisse un sourire. Bientôt deux ans que la narratrice a l’impression d’être « la gardienne d’un temps », des trésors que sa grand-mère lui a léguée pour la rendre plus forte, la faire devenir femme, lui transmettre son courage, ses valeurs, sa foi en elle, sa confiance en sa vie, en son choix de vie. Bientôt deux ans et tant de choses qui lui reviennent à la vue des carnets qu’elle a retrouvé au détour d’un inventaire légué.

Un inventaire à la Prévert. Un inventaire de cette femme qui lui a écrit pendant de années sans divulguer les mots consignés dans ces trois petits livrets. Ces mots et son regard portés sur elle, sa petite fille, son amour, toutes ses choses qu’elle ne lui a jamais dite, son histoire.

Bientôt deux ans et les souvenirs qui reviennent en lisant ces mots, l’amour qui irradie dans les pages, l’amour d’une grand-mère pour sa petite fille. Cette légèreté qu’elle lui adresse, cette force et confiance en elle qu’elle lui transmet et cela malgré les joues pâles, les mains qui hésitent, l’isolement, la maladie.


Au fur et à mesure de lecture, le chagrin, la mélancolie s'apaisent. La beauté et la douceur entrent, la tendresse se fait.


Un très beau texte récit pudique de Sophie Lemp qui devient universel, qui est nous. Un texte qui porte, rend la vie plus légère, un cri-parole-sourire d’amour, le cri que l’on pousse à la naissance et qui est celui de la vie qui germe en nous. Un texte portant une force, un regard, des mains qui se posent, s’enlacent, nous font avancer, cheminer, devenir. Un fil. Le fil.

Un texte comme une boite en fer-blanc, celle qui regorge de morceaux de vie multicolore.


« Un amour inconditionnel. Une grande confiance. Un regard franc, toujours empreint de tendresse. La connaissance d’une autre vie, moins facile que la mienne. [...] Ce que j’aime, c’est voir ton visage sérieux et soudain un sourire et tout s’illumine, tes yeux brillants, une fossette se creuse dans ta joue, tu deviens « lumineuse », je ne sais pas dire autre chose, je voudrais que tu ne perdes jamais cette lumière. »



Le fil Sophie Lemp Edition de Fallois

12 vues0 commentaire

コメント


bottom of page