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Sophie Lemp - La fille que tu étais





Sophie,



Il m’aura fallu deux lectures pour puiser la tendresse, la douceur auprès de tes mots, celles qui sont nécessaires quand les souvenirs douloureux reviennent hanter la mémoire, quand affleurent les années tues, les fuites amères, les railleries assassines, les gestes et postures, les regards encombrants, les hontes et les sentiments, les solitudes qui se poursuivent à l’âge adulte, quand l’ombre est toujours plus douce que le soleil heurtant. Il m’aura fallu ce temps, le temps des acceptations qui ne s’acceptent pas, des libertés qu’on tente d’acquérir au fil des ans, de se poser au plus près de soi, se faire une place, sa place, la trouver sans réellement y parvenir. Deux lectures pour passer du « tu » assassin, coupable, directif, au nous collectif, ouvert, solaire puis je, où la tendresse, derrière les mots, advenait enfin.


Sophie,


Il aura fallu le courage de puiser dans la matière noire, de faire ressurgir les étapes de vies de femme où se construire demande de l’écoute, de l’indulgence, de l’humilité et de la bonté, de la générosité. Celle d’être soi, à sa place. Mais comment l’être quand être soi est aussi être les autres, être en opposition et avec, par les autres. L’adolescence et ses fameuses années collège, lycée. L’adolescence quand le corps n’est plus celui que l’on connait, quand les émotions et les sentiments, l’amour s’agrippent à ne plus savoir comment se brûler, être. Quand les carnets se noircissent de secrets trahis, de paroles que l’on crie en silence, douce et tendre en apparence pour ne pas effrayer, heurter.


Cela aurait pourtant d’une simplicité déconcertante de jouer avec l’adolescence, les amitiés néfastes, les meurtrissures cachées, les étés meurtriers, effrontés, les souvenirs amers et violents, la dureté et les fiertés. Mais non. Tu as posé les mots, le je que j’attendais. Tu as su faire de ton histoire, une histoire dans laquelle je me reconnais, je suis. Je nais. Tu as su, au travers de ta colère, ta honte, ta culpabilité, tes morsures, tes envies, tes joies et secrets, la beauté des amitiés retrouvées, les libertés d'être, de naitre, d'accepter ta jeunesse, me toucher, venir toucher la fille que j’étais. Tu es devenue toi. Au plus près de toi comme j’aime souvent le (lui) rappeler, me rappeler.


Sophie,

La fille que tu étais est un hommage vibrant. Vivant. Un hommage à l’enfance, à l’adolescence, aux rêves et secrets, aux blessures déchirures du cœur, aux bleus à l’âme qu’on condamne comme le chantait Yves Simon, repris par La Grande Sophie. Ton roman est un carnet, un classeur de lycée qu’on accepte d’ouvrir, de pardonner, d’aimer, lucide et sincère, humble et libérée. Vrai. Un carnet ajouré des silences condamnés, des erreurs, des hontes, des désespoirs envahissants, des ami(e)s qui ne le seront jamais et de celles et ceux qui se posent à nos côtés. Un doux carnet. Un carnet où les images-mots reflètent la femme que tu es.


Et lire

Te relire

T’écrire

Des images

Une lettre à


Une lettre à la fille que nous étions.



La fille que tu étais

Sophie Lemp

Editions Herodios




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