« Il en faut du désespoir pour s’inventer une histoire pareille, pour, sur la base d’une étude orthodontie, s’imaginer un amour qui défie la banalité et le quotidien. »
Lire Sigolène Vinson est un plaisir immense sans cesse renouvelé, intact, une petite bulle pour soi dans un monde où s’entrechoque les incertitudes, les doutes et l’incompréhension, les douleurs, les fragilités. Il ne faut pas chercher à y croiser l’aventure picaresque, la facilité mais plutôt l’intime, la poésie d’un fil fragile, la beauté des sensations, des émotions, de l’infime qui apaise, réconforte les chagrins, les pertes, la mélancolie, la vie.
Entrer dans son monde est un parcours initiatique, une transe chamanique, une écoute de l’autre, de soi, un regard, une caresse, une douceur, une tendresse, un réconfort. C’est la peau, l’épiderme, le derme, l’hypoderme, les interstices, les vides, les absences, les ombres, les sombres, les pleins. La lire est lire avec son cœur, son corps, ses sens, avec ce qu’elle est, ce que nous sommes : des êtres vierges, naturels, fragiles se balançant dans la complexité d’une vie. Il se dégage dans chaque parcelle de son écriture, un envoutement, une consolation, la quête d’un équilibre précaire, mouvementé, sans cesse agité, un refuge pour les jours entre gris clair et gris foncé, les jours cailloux que l’on jette sans savoir pourquoi on le fait, les jours un peu plus solaires, étoilés aussi.
On lit Sigolène Vinson comme on lit son propre chagrin, sa tristesse, sa mélancolie, l’indicible et l’infime douleur, en tricotant des bouts de soi, de ce que l’on est, aime, ressent. Tel un phare, une aurore boréale, elle allume au fond de nos abysses, une lueur d’espoir, une beauté simple et fragile. C’est un cadeau, une offrande, une promesse, un don de soi pour soi, pour l’autre, pour celui ou celle que l’on tente d’approcher, de laisser aller.
« Les habitudes sont toujours tristes sauf celle d’attendre la vague. En même temps, quand on en sort, des habitudes, on ne sait jamais ce qui nous pend au nez. Des choses arrivent qu’on n’avait pas envisagées. »
Je vous souhaite un jour de rencontrer Sigolène Vinson, de tendre votre cœur vers la beauté de ses mots, de son écriture, de son cœur. Je vous souhaite de vous réconforter à la lueur de celle qu’elle est, de son humanité, de sa poésie, de son chant. Je vous souhaite de rencontrer sa tendresse, sa bonté, sa solitude quand la votre vient à peser. Je vous souhaite de rencontrer des bouillards et d’en tirer votre lumière, vos bulles de vie, vos marées, d’y puiser quelque chose que vous seul comprenez, désirez.
Je vous souhaite d’avoir, comme je l’ai eu en lisant la Canine de George, la mélancolie heureuse, la poésie fragile d’un monde. Je vous souhaite d’être fragile, abimé et de tendre vers le lumineux, le beau, la douceur, la tendresse, l’autre. Je vous souhaite de rencontrer une femme poisson et un homme balance, une Helen, un George, des océans et des pierres rien que pour vous, des choses de la vie, des rêves et des folies.
« Nous comblons tous nos solitudes d'une manière ou d'une autre ? »
Je vous souhaite de lire Sigolène Vinson. Je vous souhaite de lire La canine de George.
« Merci de m’avoir divertie. Tout en sachant que c’est plus que ça ».
Bien plus que ça, dear Gardener. Bien plus. My sweet Lord.
Un titre original pour semble-t-il un plaisir de lecture renouvelé, tant mieux ! ;)