Là où vont nos pères. Là où vont ceux qui laissent derrière eux famille, enfants, époux, épouse, biens, pays, eux. Là où ils vont, ils n’en savent trop rien, mais ils y vont car là où ils sont, il n’y a plus rien, il ne reste plus rien, sauf la peur, la mort, l’odeur du feu, des prisons, des dictatures et autres souffrances, racismes, guerres.
Cet homme qui monte dans un bateau en compagnie d’autres immigrés, traverse un océan pour se retrouver dans un pays où tout semble possible à condition de passer les premières barrières, ces zones où l’on trie l’humain comme de la vermine, où les hommes doivent correspondre à un profil bien spécifique. On le suit dans sa quête à trouver un itinéraire meilleur que celui qu’il a laissé, dans ses désespoirs, sa solitude, mélancolie, tristesse et joie de trouver des personnes qui lui ouvrent portes et cœur, lui offrent chaleur et réconfort, lui content leurs histoires de départ, de leur origines, de leur fuite. Comment raconter ce qui impossible à dire, à crier. Comment raconter les épreuves qui forgent les caractères et font de ces êtres des rendez-vous possibles.
On ne résume pas cette histoire. On la vit avec ses tripes, avec son vécu, avec ses émotions. Magistrale et émouvante. Somptueuses et époustouflante. On embarque pas à pas avec cet homme qui laisse derrière lui sa femme et sa fille pour tenter de trouver un avenir meilleur, de fuir ce quelque chose, cette ombre noire qui apparait au coin de sa ville, son pays. Une ombre noire comme un être maléfique, une pieuvre, un animal dont on ne sait d’où il vient ni comment il est. Un animal fantastique, terrorisant.
Une magnifique bande dessinée où toute l’humanité est retranscrite, où toute l’espérance de vie est subtilement dessinée, sublimée. Émouvante et dérangeante. Onirique et poétique. Symbolique et visuelle. Forte et remplie de vie.
« Là où vont nos pères ». Là où va la vie. Droit au cœur.