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Raphaël Meyssan - Les damnés de la commune (tome 1)

Dernière mise à jour : 22 déc. 2019


« C’était un matin qui appelait à flâner. J’ai descendu la rue de Belleville, traversé la place de la République et laissé mes jambes m’entrainer vers le centre. Pas après pas, les devantures des boutiques me donnaient une sensation étrange. […] Plus je m’enfonçais dans la Marais, plus les rues prenaient des allures de décor. […] Dans un courant d’air glacé, j’ai poussé mes pas vers le cœur de la cité. […] Bientôt la pluie est tombée sur mes idées grises, noyant les couleurs, encerclant ma volonté. Sous un portail je me suis réfugié. J’étais rue Pavée. A l’entrée d’un vieux bâtiment. La bibliothèque historique de la ville de Paris. »

Mais qui est donc ce Lavalette qui a habité l’immeuble de l’auteur de ce magnifique récit dessiné ? Qui est cet homme qui, un siècle et demi auparavant, est monté sur les barricades, dans les tribunes des hémicycles parlementaires et politiques parisiens, a bataillé auprès des plus grands communards et hommes politiques de la 2nde république ? C’est en recherchant sa trace, marchant dans ses pas que Raphaël Meyssan va aller à la rencontre de cet homme et d’une des pages cachées de l’histoire de France : la révolution de 1871.


Basant son travail sur un formidable travail de recherche et de création, l’auteur a emprunté la technique de ce siècle si singulier dans la découverte journaliste et de la presse papier. On tourne les pages, se retrouvant un siècle et demi en arrière, dégustant l’histoire de France, montant sur les barricades et proclamant la Commune, l’insoumission aux mondes politiques et la capitulation face à la Prusse. On vit l’histoire de Lavalette et de Victorine, rencontrant Hugo et ses Misérables, Thiers et Ferry les vendus de la République, des titis parisiens aux yeux révoltés, des enfants encore nourrissons au ventre affamé. La grande histoire côtoie l'intime, ceux renvoyés dans les faubourgs pour laisser place au grand Paris, à ces boulevards haussmanniens.


Graphiquement, Meyssan s’est inspiré des gravures, utilisant la typo liée, l’eau forte ou encore les encres noires. On y trouve une collection de cartes, des dessins nous rappelant les barricades parisiennes, Gavroche ou encore les grands orateurs politiques s’invectivant dans les tribunes des parlements parisiens. Une iconographie vaste et à la fois très précise qui nous renvoie aux moindres détails vestimentaires ou figuratifs. Du grand art. Les propos sont tels qu’on ne sait plus si Meyssan a inventé ou s’est réellement inspiré d’une réalité et nous dresse un portrait étonnant d’un Paris se transformant architecturalement et sociologiquement, historiquement.

Un album qui m’aurait rebuté facilement si la tension donnée et la richesse graphique ne m’avait pas chamboulé. Une réelle découverte historique.


Je suis parti à sa recherche comme on part en voyage. J’ai bourlingué dans le temps, j’ai parcouru les rues pour retrouver sa trace, arpenté des livres pour rattraper sa vie. Au milieu des archives, j’ai cherché son histoire.



Les damnés de la commune Tome 1 – à la recherche de Lavalette Raphaël Meyssan Editions Delcourt




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