top of page
  • Photo du rédacteurSabine

Rainer Maria Rilke - Les élégies de Duino



« Car le Beau n’est rien d’autre que ce début de l’horrible qu’à peine nous pouvons encore supporter. Et nous le trouvons beau parce qu’impassible il se refuse à nous détruire ; tout ange est terrifiant. »

Qui oserait écrire les précipices de la vie, les abîmes terrifiants des destructions de l’âme des profondeurs de nos mélancolies abruptes et résonnantes aux vides terrifiant du monde ? Qui oserait crier sur les néants, les abysses des anges quand sonnent les démons, les diables, les sorciers des tréfonds ? Qui pourrait croire que l’amour, la beauté de la vie, l’existence même seront plus fort que la mort, que la dureté même du fil qui nous relie à l’autre, devient, est l’autre, qu’importe le bonheur, l’heureux moment ou la prophétie de l’émotion.


« Ah puissions nous trouver, nous aussi, un sentier à nous, humain et pur et qui nous porte ; entre le fleuve et le roc, une bande de terre féconde qui serait nôtre. Car notre cœur nous dépasse toujours. »

Peut-être qu’un jour, j'arriverai à parler du pouvoir consolateur, éblouissant des mots, de la puissance de la poésie, de la beauté lyrique de la littérature, des chants qui accompagnent nos fragilités, nos précipices et ravins, nos pertes et dégâts. Peut-être qu’un jour, les mots seront pris pour ce qu’ils sont et doivent continuer d’être : un vaste champ à nos naufrages, nos vides abyssaux, nos silences nécessaires, nos cris étouffés et douloureux. Peut-être que nos errances au monde seront nos territoires, nos chemins vers l’espoir, l’espérance d’une beauté, d’un murmure capable de résister aux folies. Peut-être seront-nous alors des humbles face à nos pleurs, des amants face à nos désirs infinis, des anges aux regards fragiles à la condition humaine.


« Il faut retrouver beaucoup de choses avant de se sentir, peu à peu, quelques éternités. »

Il faudrait se mettre à nu, descendre dans les abysses, s'abîmer, sentir vibrer le souffle, entendre le murmure d'une voix s'attacher au désir d'un cœur perdu, à sa beauté désertée. Il faudrait écouter la chute se confronter aux douleurs et souffrances, sentir l'immensité de la perte, des pertes, de l'abandon des prudences égarées. Il faudrait hanter le temps et la mort, s'attacher à l'amour, entendre celui qui vient, qui va, qui part, se résigner et croire à l'exaltation, au sublime de l'intériorité, de sa force et fragilité. Il faudrait les angoisses, les cruautés face aux vides, aux interrogations, à la grandeur de ce qui nous détruit, à l'obscur et parvenir à ce point sensible du sacré, du soi, de l'espace intranquille de sa vie, de sa quête.


« Nous aimerions tout garde pour toujours… »

Il faudrait lire les dix élégies, lire la poésie lyrique, puissante, fragile de Rainer Maria Rilke, se glisser à ses côtés, s'étendre à même le sol et déserter le monde pour renaître, revenir, croire aux désirs, à la puissance du beau, à l'attitude de ce qui s'en va, de ce qui vient. Il faudrait ne pas croire aux anges, ne pas croire en soi et se rappeler ce qui est là.


Peut-être comprendrions-nous alors le pouvoir consolateur des mots.

Des élégies.


« C'est ainsi que nous vivons et ne cessons jamais de faire nos adieux. »


Elégies de Duino

Rainer Maria Rilke

Allia

26 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page