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  • Photo du rédacteurSabine

Quentin Zuitton - Toutes les princesses meurent après minuit



« Mon amour. Je t’ai vu au beau milieu d’un rêve. Mon amour, un doux rêve est un présage joli. Refusons tous les deux que nos lendemains soient mornes et gris. Nous attendrons l’heure de notre bonheur. Toi ma destinée, je saurai t’aimer. J’en ai rêvé. »

Tout aurait pu commencer comme une chanson un peu sucrée, kitsch à souhait. Les je t’aime susurrés du bout des lèves, les premières fois, les désirs qui s’éveillent ou oubliés, le flirt avec toi, l’amour d’un été ou d’une vie. Une histoire qui commence on ne sait comment, on ne sait où mais qui rappelle les histoires de princes et de princesses, l’attente du baiser qui réveillera notre vie, notre corps, fera palpiter les cœurs, nous rendra plus grand, plus fort, plus aimant et aimer, les dragons et les preux chevaliers.


Mais « comment t’aimer si tu t’en vas dans ton pays loin là-bas ? »


Toutes les princesses meurent après minuit pourraient s’apparenter aux choses de la vie. La douceur et la douleur des amours enfouis, enfuis, en fuite. Celles qui font grandir, approfondir la vie, le mal être, la relation à l’autre, la cruauté des rapports, la recherche et surtout le désir. Le désir, le feu. L’incendie, l’irradiation, la flamme. L’amour. Des princesses qui rêvent du baiser, des lèvres, des je t’aime « comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma». C’est doux, amer laissant dans le cœur, cette langueur du sucré-salé des torpeurs de l’été mélancolique des après baisers. Et derrière en bande son, une princesse qui meurent. Une princesse dont le cœur ne s’est pas réveillé au baiser magique d’un prince charmant largué.


Quentin Zuitton est décidément ce génie des mots et dessins qui viennent se nicher aux creux de nos émotions, éveiller en nous la nostalgie des premiers étés, premiers émois, premières premières fois, la recherche du temps perdu, l’envie de caresser les corps allongés, égarés. Qu’il interroge l’amour d’enfance, celle qui erre dans le cœur, balance et transforme, l’amour adolescence, celle des premières fois, des premières envies, des premiers chagrins et défis, l’amour adulte qui se consume comme une cigarette flambe comme une allumette, pique les yeux, fait pleurer et s’envole en fumée, il vise juste. Toujours juste. Et avec une réelle délicatesse, ce dessin stylé et sensible vient se déposer en nous comme une rose aux épines un peu piquantes, un peu vivantes, un peu fanées.


Il ravive les princesses des contes de fées mais aussi celles derrière lesquels se cachent nos nostalgiques et mélancoliques étés. Des étés garçons, filles, garçons et filles, garçons ou filles. Des étés effrontés. Des étés qui laissent un arrière goût paumé, un peu à la dérive, un peu à la recherche. Des étés un peu meurtriers.


La fin d’un été.

Et des princesses qui meurent après minuit.


Une bande dessinée comme une chanson d’amour de fin de soirée, langoureuse, un peu démodée. Une chanson d’été. Mais les rêves sont trop beaux et l’été qui s’achève voit partir celui, celle qu’on aime à cent mille lieux de là. L’intime de l’amour. Celui du fond de notre cœur. Celui qui annonce les autres possibles, les blessures et les après. Touchant et touchée.


Et la vie comme un manège, des mots simples et des sentiments.



Toutes les princesses meurent après minuit

Quentin Zuitton

Le Lombard



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