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  • Photo du rédacteurSabine

Pierre Théobald - Boys

Dernière mise à jour : 24 avr. 2019


" J'ai aimé nos instants minuscules, nos instants de rien, ce que l'on croit être l'ennui, le quotidien, mais qui n'est autre que la manifestation sincère de l'amour, son expression nue et désintéressée. L'amour n'existe que là, dans ces intervalles dépourvus de consistance."

Ils s’appellent Antoine, Hatem, Steve, Cédric, Sacha, Gilles, Bastien, Greg, Théo, Fred, Marc, Abel, Alex, Léon, Nicolas, Karim et puis Samuel. Comme un fil rouge qui les lie entre eux. Comme des hommes qu’on prend le temps enfin de voir, de regarder, de ne pas/plus laisser sur le bas côté. Des hommes tour à tour rieur, séducteur, un peu trop des fois, des loosers magnifiques, des barbus magiques, des hommes qui n’ont rien en commun et qui pourtant sont là, sont ces hommes que l’on prend le temps de regarder et d’aimer. Des hommes avec leurs fragilités, leurs quêtes démesurées de l’amour, de la vie, de la paternité aussi.


Des mecs,

Des hommes.

Boys


Il y a quelque chose de très beau, fin, humble dans ce premier recueil de nouvelles (qui cache un roman presque) de Pierre Théobald. Quelque chose qui s’approche de l’art de la délicatesse, de la vie qui s’éparpille et nous laisse des morceaux de puzzle en guise de souvenirs, de pièces à conviction des instants recueillis. Des brides de photos, des polaroïds qui jaunissent à la lumière mais se bonifient avec le temps.

Des portraits d’hommes qui n’en font peut être qu’un seul finalement, un homme. L’homme. Un homme dans ces instants où la garde baisse, où la virilité n’est pas le facteur premier à faire apparaitre, où la vie a laissé une multitude de couches et de cicatrices qui ont révélé, ont donné une matière, une ride, ligne de beauté humaine une lumière, loin de clichés, une part sensible qu’il n’arrive plus à camoufler. Il y a cette touche de sensibilité, cette condition masculine qui ne sait plus trop comment être maintenant, qui se joue à tenter, essayer encore, d’être un dur et qui finalement, démonte un à un tous les stéréotypes, la condition masculine héritée. Des hommes en déroute.


Il y a oui quelque chose de très beau, de délicat, une douceur, un parfum, celui de la vie, des ruptures, des femmes qui passent, restent, désertent, reviennent, s’empêtrent, s'éternisent, apaisent. Il y a comme une écriture qui ne se fane pas, fait apparaitre la sagesse, le renoncement, la consistance. Il y a ces mots qui développent une histoire, l’histoire, l’histoire d’amour, une histoire de vie, de tranches, de moments à deux ou seul, avec ou sans enfant, cette soif de toujours y croire, de tenter encore, de faire volte-face aux destins tranchants, ces minuscules drames qui entortillent les nœuds du cœur, vrillent les intestins, laissent sur la peau ces particules et tatouages résistants. Il y a la vie, l’enfance encore et toujours, ces rires qui s’inscrivent et demeurent comme des rides de joie, des fossettes du bonheur.


Ils sont ces hommes. Ils sont cet homme. Ils sont Antoine, Hatem, Steve, Cédric, Sacha, Gilles, Bastien, Greg, Théo, Fred, Marc, Abel, Alex, Léon, Nicolas, Karim, Samuel. Ils n’ont jamais été aussi beaux, aussi humbles et courageux dans leurs sensibilités, dans cette écriture, les mots de Pierre Théobald qui a accouché d’eux, leur a donné vie. Ils sont ces enfants qu’un jour on a aimé, ces hommes qu’on aime, ceux qui croiseront notre route, ceux qu’on aimera encore un peu plus lorsque la vie nous rassemblera, accompagnera. Ils sont ces boys qui chancellent et que nous, femmes, on aime pour cette image là : l’image d’un homme imparfait, l’image d’un homme qu’on peut enfin aimer sans soutenir ou disparaitre derrière une image de force. Des hommes qui ont passé leur amour à la machine, l’ont fait bouillir pour voir si les couleurs d’origine pouvaient revenir. Des grands hommes.


Des mecs,

Des hommes.

Boys


‘Cause boys don’t cry

Boys don’t cry.


“ Mais de nos jours qui rédige encore des lettres ? Hormis fourrager le coeur à la pointe du stylo, quelle utilité ? “

Boys de Pierre Théobald fait partie de la sélection des 68 premières fois, éditions 2019. A retrouver sur le site, toutes les chroniques des éditions passées, en cours ainsi que les diverses opérations menées.



Boys

Pierre Théobald

Editions JC Lattès




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