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Olivier De Solminihac - Ecrire une histoire


« Ecrire une histoire, c’est retenir les mots, de la même manière que l’on retient de l’eau derrière un barrage. C’est garder la parole, les mots par devers-soi, les endiguer, les soustraire pour un temps au flux, à l’écoulement perpétuel. Ecrire une histoire, c’est faire barrage. Interrompre, amasser, attendre, puis le moment venu, tout lâcher. Toute la réserve de puissance à présent disponible. Toute l’énergie concentrée dans ce moment. Et tout ce qu’il a fallu taire, préserver, omettre, rejeter – tout cela se trouve justifié par l’histoire. »

C’est quoi écrire une histoire ? C’est quoi poser des mots ? Comment écrire une histoire ?Ecrire une histoire est-ce vraiment cela ? N’est pas plutôt naviguer de pages en pages, de mots en mots, risquer de s’échouer, de couler lorsque les mots se torpillent au fond de l’encrier, tenter la traversée de la feuille sans bouée ? Ecrire n’est pas plutôt faire face au feu qui nous brûle, ce combustible lent et vivant qui nous pousse à poser des questions demeurant sans réponse ?


Mais encore ?

Ecrire c’est trouver le liant, la mixture, les proportions qui donne l’arôme, le parfum. C’est couper les éléments, la phrase de trop, modifier la recette et rajouter sa touche. C’est construire une cabane dans laquelle on s’y abrite, l’ouvrir, la partager. C’est accepter de la voir se transformer et de poursuivre sa quête sous d’autres ciels, cabanes. Ecrire une histoire demeure un vaste chemin, une route sauvage à dompter, des mots cachés qui ne demandent qu’à éclore.

Ecrire une histoire, c’est expulser les mots, faire naitre son désir, avoir cette envie de construire un relief, de raboter son sommet, de contourner les cols. C’est tomber et trouver le caillou qui nous fait avancer de nouveau, l’aspérité de la roche, la douceur du galet, le détail de son toucher, « creuser patiemment, secrètement durant les heures volées à la vie collective.», faire preuve d’endurance, d’effort, ressentir l’adrénaline. Ecrire comme une nécessité, un besoin.


« Les mots sont comme de la boue, des flaques de boue après l’averse. Et puis, peu à peu, à mesure que l’histoire avance, à mesure que l’on manipule cette boue, elle sèche et durcit. Quand l’histoire est écrite la boue est parfaitement sèche. Quand la boue est parfaitement sèche, l’histoire est finie »


Ecrire une histoire, un petit ouvrage doux, sensible, rieur, malicieux, pudique, secret. Un carnet qui donne l’envie furieuse d’écrire une histoire, son histoire et laisser éclabousser les mots, la feuille blanche, la rendre bleue, noire, la rendre belle de ces lettres enlacées, de ces phrases déposées.

Ecrire une histoire pour petits et/ou pour grands. Ecrire une histoire et lire les mots offerts par Olivier de Solminihac. Ecrire une histoire et l’aimer.


« Ecrire une histoire, c’est comme partir faire la révolution armé d’une simple petite cuiller. »


Ecrire une histoire

Olivier de Solminihac

La Contre Allée

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