« J’ai vu un film récemment. Mountains of the moon qui raconte la recherche des chutes du Nil par un certain Burton, un type incroyable. Tu le connais ? Bien sûr. C’est ton arrière-arrière-grand-père ! »
Enterrer son père n’est pas chose franchement joyeuse et désopilante. Sauf quand celui-ci est issus d’une lignée d’aventuriers et que cette dite lignée est découverte le jour de la cérémonie, jour pluvieux et d’une tristesse incommensurable, il va s’en dire. Car non seulement celui-ci aurait été un entrepreneur au charisme exceptionnel mais en plus la seule idée d’un ronron quotidien, l’aurait poussé à entreprendre des aventures incroyables et de connaitre mille et une vies.
Ce père ce héros.
Mais cela aurait été tout autre, si les relations avec ses enfants avaient été florissantes et harmonieuses. Si Daniel Bruton n’était pas mort sans laisser des dettes et une vie à connaitre. Car qui était Daniel Burton ?
C’est ce que se demande Olivia, sa fille ainée, bonne à récupérer les dernières paroles des associés et d’une famille en deuil. Qui était ce père qu’elle n’a pas vu depuis plus de dix ans et qui lui envoyait un stylo plume comme cadeau d’anniversaire provenant tout droit de son entreprise. Ce père, ce visage loin du héros à la vie tumultueuse et aventureuse. Ce père pas si héros qu’il laissait paraitre. Ce père aux vérités mensongères et à l’imagination débridée.
Et que dire de cet arrière-arrière-grand-père au nom anglais qui aurait traversé une grande partie de l’Afrique et de l’Inde, de Londres à Zanzibar via Trieste et Calcutta, se serait aventuré au pied du lac de Tanganyika, en pleine Afrique Noire coloniale, traduit le Kamasutra, découvert les sources du Nil. Sir Richard Burton, cet ancêtre, ce héros. Un anglais dans son arbre !
So incredible !
Isn’t it !
« Un explorateur, militaire, diplomate, espion à ses heures. Un érudit qui a traduit les mille et une nuits et la Kamasutra ! Comment pouvait-il parler 40 langues ? Entrer à la Mecque déguisé en musulman ? Partir à la recherche des sources du Nil… La classe ! »
Une bande dessinée irrésistible, où l’aventure sent bon les épices, le sable, les traversées du désert, les rencontres impromptues et incroyables, où la vie se joue comme une partie de cartes. Un hommage croquignolesque, une biographie passionnante de Richard Bruton, célèbre explorateur d’une Angleterre aux grands desseins et aux routes coloniales chargées d’émerveillements, d’aventures incroyables. Une quête initiatique, d’identité à la recherche non pas des cités d’or, mais d’un ancêtre à la moustache florissante et à la vie passionnante. Un road trip pour une jeune femme casanière qui hérite d’une histoire familiale digne d’un jeu de piste, de l’oie, avec les cases reculer ou prison, d’un exotisme en tenue coloniale fantomatique. Car qui était véritablement Sir Richard Burton ?
Ce récit initiatique s’amuse à nous perdre dans la petite et grande histoire, à nous attacher à cet ancêtre qui on ne sait qui il est véritablement, si cette page encyclopédique est la vérité absolue et surtout et surtout si Livingston ne s’est pas attribué une découverte qui aurait du être celle de Sir Richard Burton, cet anglais dans l’arbre généalogique d’Olivia, sa petite petite fille.
Pétri d’un humour so british, de dialogues désopilants, d’un dessin attachant, coloré, semi réaliste, grandiloquent dans les décors et les clins d’œil flash-back, ce périple aux quatre coins du monde, de l’Afrique Noire à bord de bus tombant en panne au milieu de la brousse, donne envie d’embarquer son sac à dos, de bondir dans le premier pousse-pousse, sur le premier éléphant ou chameau qui passe, de sortir son plus beau costume et de s’engager dans une aventure colorée et tumultueuse avec un grand A.
« Je ne sais pas d’où je viens. Je ne sais quand je meurs. Je ne suis pas qui je suis ? Je m’étonne d’être aussi joyeux. – Von Biderach XIVè »
Un anglais dans mon arbre
Olivia Burton - Mahi Grand
Denoël Graphic
