« dans les nuits sans draps et les lampées de sel tout ce que je sais me monte aux yeux »
Une ville. Un quartier. Une souffrance. La douleur des souvenirs. Les marques indélébiles et celles oubliées. Une marche. A voix basse. Un lieu où les trottoirs sont plus larges que les dos, où les corps pèsent plus lourd qu’ailleurs, où le bruit des pas derrière soi est le bruit de la peur, du piège, des menaces, des visages portrait-robot accusés, des palaces cinémas incendiés, des drames collectifs et individuels.
Marche.
Marche à voix basse.
Marche et regarde.
Regarde autour de toi, écoute, entends.
Marche.
A voix basse.
« on me dit que je ne sais pas marcher c’est ici que les corps pèsent plus lourd qu’ailleurs je crois »
Rencontre le présent, les souvenirs, la réalité, les peurs, les sentiments, les ressentiments, la souffrance. C’est de ta responsabilité de marcher, de parler, de regarder le monde, le sombre. Marche. Marche à voix basse. Laisse-toi toucher par ton corps, écoute sa profondeur, son exploration, le traumatisme du monde qui rejoint le tien. Dénonce les filles de rues, les cinémas en feu, les emprises et les vulnérabilités, les menaces, les mains, le mystère et l’espoir, les veilleurs, les veilleuses, celles qui marquent de leurs empreintes, les mots, ta vie.
« s’il te plait lève-toi »
Ecris. Ecris sur toi, sur le monde. Fais ressurgir tes fantômes, ceux oubliés par ton corps, par le lieu. Relie ton écriture à tes pas, ta douleur, ta douceur. Lie les à ton vécu, ce qui a été et devient, est. Lentement dans ton lieu, ta voix, explore les pourtours, les trottoirs, les vitrines, les immeubles, creuse les mystères, découvre, perce. Marche dans ton corps, tes esquives et silences, tes cris et souffrances. Marche, ose, écris ton poème, tes mots, ton texte, ta colère, ta grâce, ton authenticité, sans masque ou costume.
Nue.
Marche à voix basse et avance.
Ecris ta réalité.
Fais d’un délabrement, ta vérité.
« On n’empêche pas un cœur d’aimer. »
Commenti