« On a perdu ça. L'idée de la tribu. Un lien commun entre nous. Sans rien se devoir. Juste là sensation d'appartenir les uns aux autres. Pour ne pas lâcher prise. Jamais. »
Je vais être cash… aimé, pas aimé. Je n’en sais rien. Je ne le saurai jamais je crois. Mais ce que je ressens, est l’écriture tendue de Nathalie Yot, sa folie singulière, dérangeante, percutante, à la limite des tabous et des interdits, de ce qu’il est possible de croire, de dire, d’écrire, de lire.
Lire Nathalie Yot est cheminé vers des contrées humaines loin de tous conformistes, des frontières qui nous bordent, nous limitent, nous appartiennent. Il faut lâcher-prise, laisser surgir la folie, accepter le point de bascule de nos habitudes, le surgissement de l’inconnu, la loi des fous, des faibles, des plus forts, des émotions fortes et incontrôlables, des colères, des errances, des solitudes, des vies faites de nœuds et de riens. De tout.
Tout en elle respire la vie, la déraison, les tabous, les quêtes d’un souffle, de souffrances, d’espaces de l’intime qui vrille, saute, suinte, dépend et/ou de soi, de l’autre, des autres. Sa propre folie dominatrice, les relations unies l’une à l’autre, l’une dans l’autre. Osmose dérangeante, percutante, déséquilibre total, constant, loin de toute théorie et rationalité, loin de toute construction lisse, charpentée, basique. Entre dissonance-dépendance, et syndrome de Stockholm-rejet.
On se heurte à nos propres limites, notre propre folie, ce qui est impensable, acceptable et ce qui pourrait être, ce qui y est. Les interdits et les tabous volent sans limite ni foi. On entre, s’attache à l’histoire, à ses mots. Une histoire de rencontres, de solitudes et solitaires, d’envoutement, de dépendances et d’unions, d’amour et d’amitié, de corps qui se frottent aux manques, aux vides, aux inexistences, aux egos démesurés de ceux qui s’y opposent. Attirance et répulsion. Pulsion. Manque. Besoin. Vivre plus fort, plus grand, plus loin, toujours. Repousser les limites, les frontières, briser l’impossible, l’inimaginable, la raison. Suspendre nos cœurs et nos âmes à la folie, à ce point de bascule où tout devient ce qu’on ne peut imaginer. Devenir fou mais vivre.
« On a tous un jour laissé le temps décidé à notre place. On a tous un jour attendu qu'il soit trop tard. »
Etre déraisonnable, insondable, inconsolable, fort, faible mordu, tordu, solitaire, loin, dérivant, clivant, dominant, dominé, dépendant, attirant, repoussant... Humain. Vivre avant tout. Qu’importe ce qu’il est possible d’imaginer, de concevoir. Briser les frontières, les schémas, anéantir ce qui oppose, rend esclave, interdit tous les possibles, les savoir. Vivre. Indépendamment de soi, des autres, de la banalité. S’ouvrir grand à ce qu’il est impossible de croire, d’être, de côtoyer. Casser les tabous, briser les chaines, accepter l’émotion folle de ce qui est fou. Accepter les déraisons raisonnées, les dominations dominatrices, les boucles d’une vie. Comme une mélodie, une lente et gigantesque symphonie cherchant l’osmose. Un chœur. Un ensemble. Une tribu. Un cœur de plus de plus puissant, empirique, ahurissant. Fou.
Il y a tout cela oui. Une histoire qu’il est impossible de raconter. Une écriture tendue, suintante, proche de la folie et d’une maitrise totale. Follement et incroyablement repoussante, attirante.
« Il faut aller loin pour s'appartenir. Là où c'est interdit. »
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