« entre Peau d'âne et l'homme à la peau de serpent quelle place pour le garçon que j'abrite en moi depuis que je suis née ?»
peau d être
corps d'animal, pelure et ramassis
l'enfance, l’adolescence, la peau, eaux pas si calmes
flou des machines, des robes de marquises et des jeans. Rouge aux joues, bleus au cœur, partir, ne pas revenir, fille, garçon, garçon, fille, ma peau de fille
Il faudrait revenir à l’origine, se défaire des carcans et des histoires, détruire, arracher, déchirer ce qui a été, déraciner le corps, tourner sur soi-même, bouger les choses, dévier les chemins, tracer, déplacer, avancer, délier les racines, les pelotes de laine, les barbelés, les tricots usés. Ne plus se sentir imposteur, entraves et propres interdits. Couvrir les cicatrices, trouver la douceur, déployer les encres dans les eaux de l’enfance, des photos oubliées. Pousser les grilles, s’unir à soi, au plus proche, de soi, de l’autre, fille, garçon, garçon fille. Garder l’empreinte et se désunir de ce qui n’est pas. Oser dire je et non pas elle, tu, lui, il. Je suis. Etre Garçon ou fille. Qu’importe. Je.
« l’enfance est une empreinte que mon corps a gardée »
Il faudrait revenir à l’écriture, raboter le superflu, creuser, poncer, rendre palpable là où d’habitude les mots lèchent, s’éparpillent, oublient l’essentiel. Ecrire dans un cri, à l’os. Polaroïd. Trouver sa grâce, ses mots. Oser, tomber, se relever, tenter, retomber, avoir mal, sentir la disgrâce, l’impossible, le méconnaissable. Traverser et se sauver de sa propre noyade, reconquérir ses mots. Reconquérir. Etre au plus proche. Ecrire encore. Revenir à la marge, ôter point, virgule, majuscule, trouver sa musique, broder, graver, gravir, ravir, entendre, encourager, s’encourager, pleurer, coucher, embrasser. Enlever peau, genres, ce qui éclabousse. Laisser place à l’air, à l’amour, au fluide, à la cassure ou brisure et le devenir.
« je tourne je tombe même pas mal »
Ecrire, aimer mots, corps, phrases, écrire, et naitre. Ecrire.
« me défaire de ma peau de fille sous tes baisers ma nuque et ma poitrine jamais à jamais embrassées pour la deuxième fois je nais ».