« Parfois ça fait comme si ce n’étais pas nous. Je veux dire, comme si on n’avait pas le choix. Certains lieux, certains décors nous saluent de loin, comme une vieille connaissance et nous attirent à eux. Et ils nous collent à la peau comme le vent froid de novembre. »
Petar.
Petar, ancien appelé sous le drapeau croate, soldat paumé, poète aux chaussures délassées, écrivant des lettres pour ses copains illettrés, revient aux pays. Petar, à l’humeur vagabonde, errante et solitaire, nostalgique d’un monde qu’il ne comprend plus. Un monde au bord d’une implosion de genres, de substances, de misères, de douleurs et de pauvreté, de souffrances diverses des oubliés. Petar poète aux petits vers, aux petits mots, espérant illuminer la vie, l’espace, les rues grouillantes d’un vent persistant et poussiéreux.
Et puis Liza.
Liza rencontrée au détour d’une rue, au détour d’un magasin de vidéos à la petite semaine. Liza aussi paumée que lui, aussi perdue dans les bras d’hommes plus loosers les uns que les autres. Liza est son envie de liberté, de danses, d’espoir dans un monde nouveau, un monde à rebâtir, un monde à rendre plus beau.
Coup de foudre.
Désir.
Amour.
Et après…
L’amour aux temps des cerises, aux temps des possibles quand tout est impossible, quand tout demeure, quand le passé revient hanter les cœurs, le pays, les nostalgies, les esprits. Quand l’usure du monde use l’amour, s’infiltre dans les cœurs, les couples, souffle ses humeurs et le vent. Le vent de novembre. Persistant et poussiéreux.
Inclassable Petar et Liza. Inclassable roman graphique où tout est dit sur l’après-destin des anciens territoires slaves, des territoires abimés, usés, érodés. Une histoire d’amour comme il en nait chaque jour aux quatre coins du globe. Une histoire d’amour qui coule dans les veines d’un état nait après une guerre, après les déchirures. Une histoire d’amour où le vent de novembre souffle longtemps son parfum froid, triste, désabusé, nostalgique, étrange et si propice aux désœuvrés, désemparés.
Il faut lire Petar et Liza, entrer dans l’univers de Mirolav Sekulic-Struja, s’infiltrer dans les scènes dessinées, peintes, colorées. Il faut pénétrer aux plus près des visages, des corps, des univers et atmosphères, entendre le grouillement inclassable de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Il faut prendre le temps de photographier chaque destin, chaque planche, chaque page, visualiser chaque illustration où les corps, nous rappelant Botero, jouent, nous emportent dans les bas fonds, le bonheur, les rires, la nostalgie, la mélancolie, la tristesse, la joie, l’amour, le bonheur. Tout est libération, textes, couleurs, graphisme, richesse de cœur, sens, bonheur, univers. Les coupes virevoltent, répondant aux cases pleine-page ou multiples. Tout résonne, grouille, déborde, libère. Et le vent de Novembre regagne les cœurs…
Inclassable, sensible à dose fortement fragile, fragilisante, envoutante, Petar et Liza a ce charme fou des désœuvrés, des romans d’un pays qui n’existe plus, d’un pays au gout des armes qui se sont tues.
A découvrir d’urgence pour mieux aimer.
Oh, je veux ça! Tout me plait.
Wooooh... Tout me touche.. Je ne connaissais pas du tout.
pas fan du dessin mais tu me tentes bien quand même !
Pas très attirée par le dessin (des visages notamment) mais tu en dis tellement de bien que je le note !
Le sujet me tente beaucoup mais les dessins un peu moins : si je le croise je regarderai !