C’est un tout petit livre, un livre blanc, un livre trait. Un livre et les mots brindilles, les mots je ne sais quoi, les mots qui errent à la porte des bouches, de cœurs, qui désarçonnent et deviennent, se perdent et s’effilent, s’effilochent, reviennent. Ce n’est pas grand chose et pourtant c’est là, entremêlé dans nos pourquoi, nos pourquoi pas, nos peurs, nos espoirs, nos fois, nos parfois.
C’est un tout petit livre décrivant l’endroit, l’instant où tout peut advenir, tout peut venir, être, nulle part ou ici, là ou ailleurs, à l’envers ou l’endroit, à l’écoute des absents, des présents, du déjà là. C’est un tout petit livre fouillis du désir, des pertes, des divisions et des flaques, des moments où on tombe, inachevé, glissant dans le frêle et le farouche, dans l’interrogation des jours, perdu entre les mondes, les forces et le frêle.
C’est un tout petit livre où les nerfs inachevés, bouillent de nos suspensions en émoi, tracent les dispersions, les encres noires, les silences balises des temps décousus, sauvages, fragiles. C’est comme un rien et pourtant tout et là, dessiné, écrit. Un trait entre histoire et illustration, entre l’imprononçable et le prononcé, entre l’humeur et l’émotion, à la limite d’une poésie, d’un essai.
C’est un tout petit livre.
Et une grande ligne noire. Une ligne noire qui nous porte, nous emmène, nous malmène, nous transporte dans nos entrailles, notre cerveau- ventre-cœur-corps malmené, rapiécé. Une ligne noire proche de nos états : folie, joie, peur, doute, émoi. Une ligne sauvage et tachée, indomptable et domptée, faite de rebondissement, de jaillissement, de ces mots perdus dans la bataille des jours, de ces mots qui surgissent et marquent le flux de l’absence, de la présence, de ce soi.
C’est tout petit livre.
C’est rien.
C’est un tout petit livre
et ça émeut souvent.
« C’est là peut-être ici là aussi ici où ? là ça ne s’explique pas »
(Des fois, on fait de belles découvertes au Marché de la Poésie. Et ça ne s’explique pas)
C’est
Mimi Haddam
Editions OMRI
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