Mikkel Ørsted Sauzet - Le moi noir

« Sans vous qui vivez une vie consciente et libre, l’humanité ne serait que néant.

Difficile de parler de ce roman graphique sans faire référence au Moine noir, à la philosophie du moi égo, de l’orgueil ou du choix cornélien du paraitre, du vouloir, de la tentation et finalement du soi enfoui.

Le moi noir frôle la folie des hommes, la grandeur et sa décadence, la souffrance du vouloir allant jusqu’à la dépression, la folie, l’effacement, de n’être plus que visage sans trait, sans regard, mort, la perte de repère, de vie.

Il est difficile de retracer l’émotion que procure la lecture. On entre dans le récit comme on entre dans l’obscurité, la dématérialisation d’un soi profond, l’assistance d’un monde ultra connecté. Tout est perte, effacement au profit d’un monde virtuel, d’un futur intelligent ou d’une intelligence artificielle qui domine le monde, un monde fait d’orgueil et de pouvoir, inquiétant, surréaliste, angoissant.

Le noir guette la schizophrénie, l’angoisse, les hallucinations, la décadence et pourtant l’intrigue est là, entre ces cases où le moi apparait comme un miroir, questionne la folie, le fantomatique, attire, aspire telle une force incroyable qui irrigue, redonne la vue, permet la vie.

C’est surprenant, terriblement déroutant, dérangeant, étouffant, philosophique, questionnant.

« Les dépressifs, les schizos, les hystériques et les anxieux réagissent peut-être plus logiquement aux aberrations de votre monde cruel ? »

Et pourtant au-delà du récit, l’histoire tient. Le graphisme crayonné, lissé, adoucit, renforce, provoque le sentiment d’angoisse et à la fois pose l’intrigue, le fantastique, l’onirisme. C’est surprenant et addictif. On ne sait plus où on évolue entre l’expression primaire de l’égocentrisme, de l’orgueil, la folie et la volonté d’être, de conserver son être, son soi, son moi noir.

Absolument fantastique.

Absolument incroyable.

Absolument irracontable.

« Le moi noir, la première intelligence artificielle qui te connait mieux que toi-même. »

( A découvrir ne serait ce que pour l’objet livre présenté dans un coffret à la reliure chinoise, le granulé des pages, la virtuosité de l’ouvrage. Intrigant et proche d’une œuvre d’art.

A lire pour ne pas mourir pétrifié d'égoïsme et d'orgueil)

Le moi noir

Mikkel Ørsted Sauzet

Louison Editions