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Photo du rédacteurSabine

Michel Rabagliati - Paul dans le Nord


« Pas mal de chose ont bougé cette année… En ville, nous avons quitté Rosemont pour Saint Léonard, un quartier où je ne connais personne. Je déteste. Maman est heureuse. Papa a enfin consenti à s’éloigner de sa mère […] Ma sœur Kathy en a profité pour partir de son côté en appartement avec Yvan, son nouvel amoureux. […] Maman est retournée sur le marché du travail [...]. Papa travaille très fort […]. L’an dernier il a acheté un terrain, ici à Saint Sauveur. […] De mon coté, j’attends le début de l’année scolaire en travaillant la semaine avec mon oncle Raynald […] Je caresse le rêve de m’acheter une moto l’an prochain lorsque j’aurais seize ans.»

Paul a le bégin. Paul est amoureux et c’est la première fois que cela lui arrive. Fichu truc. Comment faire quand on a 15 ans et que l’on ne sait pas s’y prendre avec les filles. Comment faire quand on est en pleine crise d’adolescence et que les parents sont juste là pour poser des questions à la noix, obliger à faire des trucs débiles et sans aucun sens, alors que l’on a juste qu’une seule envie : partir à l’aventure avec son pote au guidon d'une Kawasaki KE100, découvrir le Nord avec sa blonde et surtout regarder les jeux olympiques de Montréal à la télévision.


« Traîner, glander, se fréquenter. Les Anglais ont une très jolie expression pour exprimer cette idée : hanging out. C’est exactement ça, nous pendions dehors »

Tout commence à l’orée de l’année 1976.


Dehors s’activent les dernières préparations ponctuées d'aléas de la construction des sites qui abriteront les Jeux Olympiques de Montréal, la fierté du Québec. Dans sa chambre, notre Paul s’exerce à la guitare et tente tant bien que mal de chantonner « le chant de l’alouette ». Dehors la veille Ford Mustang de l’oncle Raynald crache son « Do a little dance make a little love down tonight ». L’oncle c’est un peu le contraire de ses parents. Il fume et offre des cigarettes. Il boit des bières et pour déniaiser notre Paul, il se propose de l’emmener dans un endroit interdit : le paradis du sexe, chez Line.

Et voilà notre ado boutonneux embarquait dans les prémices de l’adolescence amoureuse, les premiers émois. Les yeux se perdent, les sueurs se perlent, les joues rosissent et le bégaiement se joue de lui. Alors quand en plus les parents se mettent à poser des questions auxquelles il n’a pas envie de répondre, Paul décide avec son ami Ti’Marc (aussi petit que Paul est grand) de partir en pouce vers le Nord pour rejoindre une choum.


Encore une fois Michel Rabagliati nous emmène à revisiter son histoire et nous plonge ce coup-ci dans sa pire période, celle de son adolescence. Cette période niaiseuse d'entre deux, où la voix mue et nous fait passer de rossignol à corbeau sans qu’il soit possible d’en mesurer la portée musicale. Cet âge traversé dans une crise éternelle de révolte.


Ce que j’aime chez Michel Rabagliati c’est cette douceur, cette candeur, cette naïveté-tendresse qu’il met dans ses personnages, cette part de lumière-tranches de vie qui sont nous. C’est ce que j’aime chez Paul, ce lui qui est nous. Ce lui à tout âge de sa vie qui est en fait notre propre miroir. C’est encore une fois tendre, rieur, un poil nostalgique, bon, doux, rêveur. Ce sont des souvenirs qui reviennent nous effleurer, se rappeler à nous et nous faire sourire, rire, se moquer. C'est bon. Tendrement bon.


Et puis lire Paul c’est prendre un aller simple pour Montréal, le Québec. C’est parler avec cet accent irrésistible dans les oreilles, se vautrer avec allégresse dans des costumes de Davy Crockett, rêver, oser, pinailler sur nous ou la société qui nous entoure tout en gardant cette part d’innocence, cette tendresse pour la vie et l’humain.


Paul c’est tout cela. La douceur, la tendresse, la générosité, un petit morceau de nous que l’on garde bien fort dans son cœur.



« Pourquoi c'est toujours lors des journées importantes qu'on a l'air le plus fou? »


Les bulles de la semaine sont à retrouver chez Moka, Au milieu des livres



Paul dans le Nord

Michel Rabagliati

La Pastèque




71 vues6 commentaires

6 Comments


Nathalie
Nathalie
Apr 17, 2020

Je n'en ai lu qu'un, mais j'en lirai d'autres, c'est très sympathique !

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Antigone Héron
Antigone Héron
Apr 13, 2020

Il faut vraiment que je fasse connaissance avec ce Paul ! ;)

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mokamilla
mokamilla
Apr 08, 2020

Ah ce Paul... Mon dernier n'a pas été une lecture transcendante mais j'en ai d'autres qui m'attendent et je m'arrêterai pas à cette petite déception-frustration. Je n'ai toujours pas acheté celui-ci d'ailleurs.

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Noukette Deslage
Noukette Deslage
Apr 08, 2020

Paul forever <3

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Eimelle Laure
Eimelle Laure
Apr 08, 2020

j'ai bien envie de faire sa connaissance!

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