« Les montagnes sont toujours généreuses. Parce qu’elles offrent des aubes et des couchers de soleil uniques, des moments enchanteurs, des silences éternels et des bruits qui appartiennent à d’autres mondes que le nôtre ; mais également des moments de peur et de danger, de fragilité et de désespoir. »
Comment parler d’un livre qui n’est que silence, lumière, beauté absolue. Comment en parler lorsque l’on sait que ce qui sera écrit ne sera pas à la hauteur du roman. Mais bon sang quel sublime et magnifique livre, une fluidité dans l’écriture et une lumière, une intimité et la pudeur du silence, des mots impossibles à dire.
L’histoire par elle-même pourrait sembler banale s’il n’y avait la puissance de la montagne, la force des paysages, l’Italie et sa lumière, l’intrigue qui se noue, nous noue le ventre, la vie qui s’échappe, se gravit, se ressent et cette narration qui nous interpelle, nous prend en otage, les moments précieux, les promesses, les plaisirs simples à ne jamais oublier.
Ouvre les yeux.
Ils se sont aimés, d’un amour comme on le connait, comme on le rencontre et qu’on le vit. Intensément. Ils se sont aimés le temps d’une vie, le temps de parcourir des sentiers, des chemins, de gravir des montagnes et des sommets. Ils se sont aimés jusqu’à temps que cette foutue routine, ce je ne sais quoi je ne sais comment, s’installe. L’eau du long fleuve tranquille se tarie dans l’atmosphère de la vie. Et malgré les escapades européennes, les rendez-vous dans les montagnes dolomites, l’amour s’érode comme s’érodent les sommets et s’embourgeoisent les villes. L’enfant né ne sera pas le lien permettant de ressouder l’amour.
The end.
Ouvre les yeux est une histoire où l'intimité silencieuse s’installe, les gestes revivent, les souvenirs embrasent l’espace d’un instant les regrets. Il y a la pudeur des moments partagés, la délicatesse des gestes et des regards, la douleur et la souffrance, les rires et cette lumière si particulière, les nuances des incompréhensions, les regrets de ceux que l’on a perdu et qu’il sera impossible de revivre. Et puis il y a celui qui lie, à tout jamais, malgré tout. Celui qui vit, qui rappelle combien l’amour des parents est essentiel, capital dans la vie d’un enfant.
Ce roman est beau, somptueux, tout en finesse et en flash-back d'une force sensible, délicate et magnifique. . Une lecture qui ne nous lâche pas, nous emporte, nous ouvre les yeux sur la vie, les instants qu’elle recèle, la force des petits riens.
Un rythme comme des battements de cœur, comme une vie qui s’écoule, un amour enfui mais qui se rappelle, ressurgit, et se souvient dans l’intimité d’un moment où la nécessité pousse à se retrouver.
« Tu rajouteras du bois, petit à petit, parce que le feu a besoin d’amour constant : sans heurts, sans accros, sans déséquilibres, sans excès et sans faiblesses, sinon il s’éteint. »
Un roman qui donne envie de s’envoler vers l’Italie, de renouer avec nos amours passés, de se donner rendez-vous, de se souvenir et progresser délicatement, tendrement, lumineusement vers sa vie.
Éblouissant et lumineux.
« Le soleil allait et venait, la lune se levait et se couchait, parfois il pleuvait, parfois le vent soufflait. Dans le monde entier, les jeunes s’embrassaient avec amour et se quittaient dans la haine ; les bateaux sillonnaient les mers, les trains roulaient et les avions volaient. Il y avait ceux qui étaient pressés et ceux qui ne l’étaient pas, ceux qui faisaient un choix et ceux qui en faisaient un autre. Certains après l’orage levaient les yeux au ciel et regardaient les arcs-en-ciel. Il se passait tant de chose dans le monde, il se passait constamment tant de chose. »
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