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Maryam Madjidi - Pour que je m'aime encore



« Toute ma scolarité s’est déroulée en ZEP : zone d’éducation prioritaire. Où se plaçait la priorité ? Qui était prioritaire ? Pour nous ce sigle correspondait à zone d’éducation pourrie. […] On n’avait rien de prioritaire. On ne comptait pas vraiment, personne n’aurait misé sur nous, on le savait, on le constatait chaque jour, chaque année scolaire, chaque passage à l’année supérieure, chaque étape franchie. ZEP : zone d’éducation précaire. »

La banlieue, son image politique caricaturale à l’extrême, ses tours et ses pavillons trainants des pieds à quelques rues, cachés entre une avenue et une rue aux jardins arborés, un centre commercial et un espace culturel ultra moderne déserté. Le béton partout, l’absence de verdure, l’absence d’harmonie, de vie, de compréhension, d’humanité. L’absence de tout. Une jeunesse désœuvrée, l’ennui comme piqure de rappel. Les années, de l’adolescence et son goutte à goutte de désirs, de libertés, d’émancipation et de convoitises générationnelles. « La banlieue, c’est pas rose. La banlieue c’est morose ». Un leitmotiv, une ribambelle de poussière d’une fumée capiteuse, entêtante, assommante. L’ennui dans un pays qui ne jure que par les faits divers, la came, les agressions, la honte, la révolte, la liberté, l’égalité, la fraternité.


La banlieue.

Drancy.

Le 9-3


A à 15 ans, on rêve. On s’enivre de vie, de colère, d’une volonté fière et maladroite, d’un courage et d’un humour qui sauve de tout : de l’ennui, de la discrimination, de l’exclusion, de la petitesse de l’existence et de trouver sa place, son refuge, grandir, emprunter l’ascenseur-échafaud social, atteindre et traverser le périph, s’encanailler auprès de la bourgeoisie parisienne, faire comme si, tenter. Oser l’excellence. Partir.


Maryam Madjidi est une conteuse hors pair. Sous son regard de braise et sa voix se cachent un désir, un humour, une volonté, une douceur, des failles et une joie unique. Pour que je m’aime encore est un conte moderne, la vision d'une société, d'un monde où tout ne tourne peut être pas rond, peut être loin des grandes avenues et plus proches des bétons en barre de 20 étages que de l'avenue Foch, mais où la tendresse se cogne à la dérive des sentiments, l'exil, d'une place à se faire, une chambre à soi.


C’est un portrait frais, emplis de tendresse et d’humour, de dérision et d’une bonne dose d’humanité. C’est l’adolescence sans détour, sa quête, sa détresse, l'amour, la vie, l'humour, des coups vaches, des coups tendres, la liberté, l’intégration à laquelle on aimerait croire, qu'on aimerait retenir et qui part, revient, s’attache, s’initie, se donne. C’est une aventure de grands rêves de liberté et d’espace, d’émancipation, d’un amour incommensurable pour ce quotidien où l’ennui est le premier piège. C'est l'image de soi, de l’autre, de la vie mordue à pleines dents, la générosité de tout ce qui gravite autour du 9-3. C’est le combat d’une jeune ado typée iranienne, les failles de l’intégration, l’amitié, les désirs, la volonté, l’humour, l’amour.


Pour que je m’aime encore est une bonne dose d'amour, une remise en question de l'intégration, un bleu dans le ciel salutaire, une ville, des façades barres d’immeubles, barres d’école, des murs, l’adolescence, les années, la vie. Drancy. Le 9-3. Et 3 mètres pour atteindre la liberté !


« C’est ici que j’ai grandi. Une fin d’enfance, une adolescence entière, un début d’âge adulte. Je suis attachée à toi, que je le veuille ou non. »



Pour que je m’aime encore

Maryam Madjidi

Le nouvel Attila

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