« J'aimerai qu'il m'abandonne à nouveau, qu'il me laisse au fond du gouffre, qu'il reparte, j'aimerai ne pas vivre une seule minute après ça. Mais frayer mon chemin à travers l'éternité ne m'a pas permis de sauter par dessus l'arène, ne m'a pas permis d'éviter l'enfance. »
Il faudrait pouvoir le dire, trouver les mots, traverser les nimbes profondes et obscures, trouver la voie qui mène vers la lumière, traverser les âges et les désirs, la colère et le courage. Il faudrait se percuter au noir, ressentir sa matière, son audace et ses contrastes fous.
Ceux du noir.
Il y a une langue. Une vraie langue. Une écriture. Un langage, des sédiments, une terre glaise et boueuse qui recouvre les sols des lieux humides et noirs, des fonds, tréfonds des grottes et cavernes inexplorées.
« Dans le profond du noir, j'essaye de comprendre où je me trouve. »
C’est une histoire qui poisse, une histoire telle que ce que personne ne comprendra, ne pourra le comprendre, le noir n'étant que prisme insoupçonné de l'histoire. Une histoire de ténèbres traversées via les âges et les dédales, les labyrinthes et les profondeurs d'un noir immaculé. Une histoire qui colle le long d'une adolescence, d'une vie, dont on essaie de se désimprégner mais qui revient, colle aux pores, aux peaux, aux souffles. Une histoire où le noir côtoie le pur et l'impur, l'ordre et le désordre, la colère, puissante, le corps et le cœur malmenés.
C'est une histoire affamée, affamante, d'abandon, une histoire déroutante où le noir jaillit à chaque page où Ceux du noir se rencontrent, télescopent, s'emportent, s'apportent, se jettent, se rejettent, se poursuivent, s'inclinent, se déclinent.
A l'infini.
« A plat ventre je teinte de noir absolu le profond du monde, toutes les formes de toutes les histoires de l'éternité. J'usine la détresse, les chaussures des gens qui viendront se remplir de ma douleur, à la surface, là où il reste du soleil. »
C est une histoire d'album de coloriage noir et c'est une langue.
Une langue qui vient nous trouver là où on ne l'attend pas.
En plein ventre.
en pleine rage.
dans le noir.
C est une histoire
C'est une langue
Noires.
« Combien de milliards de baisers faudra-t-il pour le nettoyer de sa sauvagerie ? »
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