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Manon Hentry-Pacaud - Les naufragées

Dernière mise à jour : 14 juil. 2022



« Elle veut continuer à penser comme elle l’entend, dire ce qu’elle a envie de dire, ou se taire selon son désir, et pas parce qu’on lui imposerait le silence. Elle veut continuer à réfléchir et à avancer en rythme, avec le reste du monde, et pas qu’on lui impose un ralentissement permanent. »

Découvrir un nouveau roman, une nouvelle autrice n’est jamais un exercice facile. Il y a cette part d’attente, d’étonnement, de surprise ou de déception à l’idée d’un cadeau qu’on déballerait et qui serait une part insignifiante de bonheur, de tendresse, de générosité. L’idée d’un élan naturel de bonté, d’une nouvelle promesse.


Manon Hentry-Pacaud est cette nouvelle promesse. Une histoire et une écriture offertes aux femmes, aux naufragées échouées au bord de leur vie, d’un vide, à cette sororité qui se joue entre elle, entre mères et enfants, entre générations et regards amis. On découvre sous le papier, la naissance d’une écriture subtile et forte, fragile, sensible et déjà prononcée. Tout est en place, en pièce : la narration, l’écriture, l’histoire, le liant et le lié, la poésie venant se poser au creux de l’oreille, l’intrigue finale et les fragments de vies offerts. Il y a la précocité d’une plume, la tendresse et la douceur, l’émotion des relations qui se jouent, la part féminine qui se tient, grandit, pousse, devient.


Et il y a l’écriture.


Celle de Manon ne fait pas de doute. Elle creuse dans le sillon des autrices témoignant de leur génération, de leur temps. Elle distille par fragments, les souvenirs, les étreintes qui se jouent, liant les mères et leurs filles, les amies, transmettant la fusion et la liberté, offrant les clés de leurs destins. La douceur se découvre entre les mots, les pages, fait face aux multiples miroirs des étapes d’une vie, aux albums photos et aux chansons parcourant les années. Il y a la tendresse d’un fil, d’une relation qui s’opère, se distend, s’éveille.


L’écriture relie, retrouve ce liant, ce respect entre femmes, entre ce qu’on dit et ce qu’on garde au creux de soi, la liberté d’être et de devenir, les souffrances et les joies, la place et écoute, les regards cherchés pour se reconnaitre, s’aimer, se trouver, naufragées de corps malmenés, de vies contraires, d’états multiples et mutilés. On repense à Sophie Lemp (Le fil), à Nathacha Appanah (La noce d’Anna), à ce regard posé sur celles qu’on aime, celles qui nous inspirent et font celles que nous sommes. L’idée d’une sororité, d’une alliance générationnelle, d’une alliance amicale indéfectible entre mots et silences, entre regards et gestes, entre parole et écoute.


Les naufragées sont une errance de vie, de mères, de filles, de femmes, se cherchant dans les vagues, les creux et les hauts de la vie. Une rencontre union, un désir revendicatif à être et devenir, grandir, s’offrir, une parole libérée et transmise, une sororité douce, tendre, forte, pour apprendre et construire, être.


« Toutes ces visions de femmes, ces images, ces portraits ambulants la ramènent à elle-même et aux femmes de sa vie, elles qui la construisent et la relient. […] Un « elles », définitivement au pluriel, qui s’ancre partout où il va. »



Les naufragées

Manon Hentry-Pacaud

Editions Frison-Roche


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