« Sur la terrasse du café, un oiseau piaille, toutes les deux secondes, comme pour me signaler que, sans toi, le temps s’écoule deux fois plus long, que, sans toi, le temps est deux fois plus plein… Plein de toi et plein de ton absence. Comment vais-je tenir jusqu’à ce soir sans toi, mon petit garçon ? »
D’elle, j’ai lu tous ses romans, tous ses mots dessinés sur le papier, sa prose libre d’un contexte trop rigide, classique, entendu ses rires uniques libérateurs, doux, pudiques, ses petites réflexions qui nous amènent à penser autrement, à voir le monde qui nous entoure différemment, à entendre la petite sonnette qui tire le fil conducteur. J’ai lu, insatiable lectrice de ses mots, gourmande de son écriture, de ce qui me touche chez elle, sa sensibilité, sa poésie, sa douceur, son intuition à savoir que ce qu’elle écrit est à sa juste valeur, place.
Oui de Mélanie Richoz, j’ai tout lu. Et à chaque fois avec un réel grand et infini bonheur, cette sensation intime que ce qu’elle écrit est juste pour moi, pour celle que je suis, qu’elle devine les silences, les rires, les immenses sensations de gouffre et de plénitude. Il y a une ressemblance, un écho, un jeu de construction qui nous lie, se mêle et donne ce parcours unique, intime, pudique, une forme de sororité, un jeu de dames où aucune ne cherche à faire perdre l’autre mais au contraire à la hisser, la grandir, la consoler, l'élever. Une amitié à sa juste valeur.
J’aime Mélanie Richoz. J’aime ses mots, sa liberté, son acte de naissance d’écrivaine, son improvisation pas improvisée face à la poésie, au texte, l'écriture, sa façon de viser juste le cœur et ses multiples composants. Il y a chez elle, une véritable exploration de l’être humain, de son humeur, de ses émotions, de sa construction, une musicalité à le mettre en scène, à jouer avec ses multiples sensations, émotions. Elle me cueille, m’enveloppe, me protège, m’emmène avec douceur, délicatesse dans son errance littéraire, me déshabille, me révèle, m’illumine en douceur et délicatesse, saveur. Dans la justesse même du mot, du moment.
Et j’aime.
Je l’aime infiniment.
Comme on aime une amie.
Comme on aime quelqu’un pour ce qu’il est, ce qu’elle est réellement.
Comme on aime son Apollo, son petit dernier né, son cadeau de naissance à celui qu’elle nomme son petit garçon.
Tu dors avec moi. Sur moi. Contre moi. Tu me manges, me bois. Me regardes. Tu es moi. Et moi ? Moi, je suis ta maman depuis quelques jours. Depuis toujours ?
On pourrait penser à un énième livre sur la maternité, sur l’art d’être mère, femme, maîtresse, amante. Cela serait mal connaitre Mélanie. Cela serait catalogué ses mots, émettre un jugement sur sa poésie, cette façon qu’elle a de rebondir et de jouer sur les émotions, sur ce qu’elle donne avec générosité et délicatesse, ses doutes et faiblesses, trouilles et joliesses. Cela serait oublié que Mélanie Richoz a l’art d’écrire juste, l’art de mettre sous couvert de quelques mots, la vérité au centre du texte, de donner chair et cœur à la femme, l’homme, l’enfant, de cette part qui est en nous été qui nous construit, nous fait.
« Je voulais être mère, je le suis du cœur à l’âme, de la peau à la chair de la tête aux pieds en passant par l’opulence d’une poitrine nourricière qui flirte à l’air libre, qui pend… Je voulais être mère, je le suis. Quelle joie ! Il n’y a rien à mettre devant. Même pas la femme qui sommeille en moi… Qui meurt ? »
Apollo est une lettre, une lettre à l’enfant, une lettre au petit garçon, un récit intime, touchant, inclassable et si beau, si pudique, libre, un acte d’amour feutré, un temps suspendu, volé, d’une mère, de parents pour son/leur fils, pour celui qui l’a fait mère/parents, qui l’a fait naître, qui lui a rendu son droit d‘être femme aussi, d'aimer, d'être aimée. Apollo est un chant, un trait de fusain, l’art merveilleux et sensible, rieur et fragile de Kotimi. Ses illustrations épurées, quasi enfantines, humaines sont un fil d’Ariane, le trait d’émotion, une touche de rose dans le coton de soi, le lien à une linea-negra disparue au détour d’un matin, au détour d'une naissance.
Apollo est la main qui aide à tenir le crayon et à dessiner des gribouillis, des mots, des tache de couleurs sur la feuille, à prendre celle de l’homme lorsque l’envie, le désir d’amour se ressent, à laisser une trace de vie, de mère, de femme sur le fil de l’existence.
Apollo est la confiance en la vie, en ce qu’elle est. C’est un chant, une danse légère et amoureuse, une goutte de lait, un regard incertain face au miroir. C’est l’amour que l’on donne, reçoit, une caresse sur et sous la peau, une certitude que celui qui est là, haut comme trois pommes, est celui qui lui a donné naissance. C'est la sève, le sang, la vie (et cettte envie de le lire et le relire, de le chanter...)
« Si je t’avais choisi comme prénom un plaisir de grossesse, tu te serais appelé : Apollo 1. Il t’irait à ravir, tu m’as décroché la lune ! »
Et relire : Tourterelle, Mue, Le bain et la douche froide, J’ai tué Papa, Le garçon qui court, le point du i (roman graphique avec Barroux), Le bus.
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Comme il a l'air beau ce livre !