« La peau est sur le sang comme un papier qui se déchire à la place des yeux et l’on voit bien les grands fonds du regard s’éclairer par moment d’un peu de feu. »
Il faudrait écrire sur l'amour sans bruit ni tapage ou artifice, crie ou rage, faire de ses bras de vastes champs que la mort oublie au détour des mirages, écrire le désir comme une musique brûlante, la plénitude des corps, des regards et des sentiments. Juste l’amour comme on aimerait le vivre, sans perte ni fracas, dans la tourmente et l’instant des jours, de la grâce du tout, la tendresse du rien.
Il faudrait se retirer, devenir rare et précieux, ne pas être à la mode, en haut de l’affiche, être soi, juste soi, croire aux mouvements des cœurs et des corps, faire rempart au monde, au bruit, à l’exigence d’être, satisfaire la vie, la mort, ce qui est, ce qui caresse. Etre charnel, chair, corps, main, regards, poèmes, jour qui se casse, nuit qui s’achève. Devenir éternel(le) et se perdre dans la solitude, dans l’errance et sa mélancolie, délivrance attendue, cœur au vent, dialogue aux minutes et à la poésie.
La dernière.
Il faudrait ne plus avoir honte, vivre sa tendresse, sa douceur, être seul(e) avec ses tristesses et ses gravités, ses joies et ses confidences, ses amitiés, ses labyrinthes et ses possibles soleils. Rien que l’amour. Revenir à l’essentiel. A l’essence d’elle. A l’essence de lui. Se brûler, devenir corps à vif pour ne plus limiter, triompher, devenir lèvres, horizon, intimité, rivière, terre, sombre ou torturé. Et s’effacer sans tourment. Confidentiel. Quelques cicatrices, douleurs, cendres et poursuivre son chemin, sa quête, aimer.
« Chaque regard est le point final que l'homme met à sa solitude. »
Il faudrait aimer.
Le dire simplement et dénouer les corps comme on dénoue les nœuds.
Délicatement.
Tomber dans l’amour, tomber sans rien, nu, nouveau né, naitre. Tomber dans les mots douceur, tendresse, sans artifice, ni poussière, sans chercher. Juste être. Juste tomber dans l’amour, comme on tombe amoureux, la grâce de l’instant à l’écart du bruit, du monde, du tout, du rien. Se consoler.
Poèmes à l’amour
Poèmes aux yeux
Poèmes à l’autre.
« Les mots ont été créés Pour qu'en fermant les yeux Je puisse venir à toi Sans faire un mouvement. »
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.
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