« Tu veux que je te dise ce qui me plait dans cette histoire de smileys et d’émoticônes ? »
Juchée sur des escarpins vernis noirs, elle fume une dernière cigarette avant le moment fatidique. Elle ne me laisse pas le temps de lui répondre.
« C’est qu’on s’envoie sans arrêt des bisous, des sourires et des cœurs. Même mes clients m’envoient des bonhommes qui pleurent de rire, des cotillons et des bouteilles de champagne et mon père m’envoie des petits chats qui ont des cœurs à la place des yeux ! C’est quand même formidable ! On n’en fait pas autant hors écran. On n’ose pas se câliner, se dire merci et qu’on s’apprécie. Alors que là bham ! On glisse des cœurs de toutes les couleurs, des mains en prière de gratitude ou qui applaudissent, une bouille couverte d’effroi ou de tristesse. On assume nos émotions, on les affiche. »
Elle jette sa cigarette et l’écrase de la pointe de sa chaussure vernie.
« - C’est à vous dans 15 secondes » lui annonce le jeune homme à l’oreillette qui tient clipboard et est avec nous dans les coulisses.
La robe de Mélinda paillette grave, elle fait boule à facettes. Son parfum rend dingue. Je lui enverrai bien une pluie de cœurs sur les cheveux, là, maintenant. Elle s’apprête à se mettre à nu devant des milliers de paires d’yeux et quatre dossiers de fauteuils en skaï rouge.
Melinda en a assez d’être la pulpeuse chanteuse, le joli morceau. Elle en a marre d’entendre « c’est sûr qu’avec des poumons pareil, elle doit avoir du coffre ». Melinda veut seulement qu’on l’aime pour sa voix, pas pour son corps de dingue et son joli minois. The voice c’est sa chance. Melinda la saisit comme elle le fait chaque fois qu’ils s’en présentent dans sa vie, des moments propices. Je suis toujours dans l’ombre, dans les coulisses. Soutien indéfectible. Pense bête, porte sac, secrétaire, épaule sur laquelle pleurer, pote avec qui picoler. Mais je ne suis jamais sur le devant de la scène. J’en rêve souvent sans oser lui dire. Et si je lui envoyais un sms truffé d’émoticônes expressifs ?
Le rideau s’ouvre, elle commence à chanter. Je croise les doigts et répète comme un mantra : retournez vous les jurés, tapez sur le buzzer, retournez vous…
Et toi Mélinda, Regarde-moi.
Lucie Rochas tient le blog Les facéties de Lucie mais surtout elle est cette amie indéfectible, cette joie de vivre qui la caractérise si bien. Elle est celle, avec Charlotte l’insatiable, qui a contribué à l’ouverture du petit carré jaune.
Mais surtout et avant tout Lucie est cette chouette femme que l’on peut retrouver aux Halles d’Avignon en train de vous concocter des salades ou autres plats qui donnent juste envie de se pâmer. Chez les Filles. Si vous y passez, une chose est sûre, vous serez conquis par son sourire et son amour de vivre, sa passion culinaire et sa faim des livres. Alors un conseil, un vrai, en cette période de vacances, n’hésitez pas à aller lui faire la bise et dire bonjour aux Filles.
(Pour le respect de celles et ceux qui ont accepté de publier sur ce blog, les textes et les photographies sont protégés par le droit d'auteur. Merci de ne pas les reproduire sans autorisation)
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