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Lettre à - Mélanie Leblanc : Le labyrinthe des jours




Mélanie,



Cela fait maintenant quinze jours presque trois semaines que j’ai quitté tes mots, ton Labyrinthe, quinze jours presque vingt que je louvoie dans les miens, que te lire à provoquer quelque chose en moi, en les mots, en l’écriture.


Encore une fois.


Pour écrire, t’écrire j’ai mis une musique qui me ressemble, celle de la colère, celle des Hautes Lumières, celle du Blizzard. Fauve. Mais rien ne vient. Rien n’est aussi fort que ton écriture. Tes mots. Cette sensible sororité, sonorité, aiguise mes sens, raisonne profondément, élance la femme que je suis. Celle cachée, celle qui se cache, celle qui émerge, bancale, sensible. Celle qui a peur, doute. Celle qui clame, droite, forte, qui envoie foutre le monde, danse jusqu’au matin, revient, s’éloigne, revient, s’éloigne, revient, main dans la main, corps contre corps, pulsion, pulsation. Douce. Tendre.


Celle qui désire, aime, est.

Celle qui vit, vibre.

Haut les cœurs.


J’ai mis du temps. Le temps.

Toujours lui finalement.


Le temps, compagnon des labyrinthes, fil noué, divergeant dans les dédales, les sentiers, les nuits et jours, sombres ou lumineux. Le temps. Le temps et les nœuds, les histoires liées, les perdants, les gagnants, les murs que l’on se prend, les trous béants dans lesquels on tombe et les avenues trop belles pour être réelles. Le temps, chrono des labyrinthes, des mots déposés lorsque l’amour, le désir offrent la liberté, la vie à la femme longtemps perdue, déguisée, cachée.


Un fil, un labyrinthe, le chrono, Thésée, Ariane et lui Minotaure, gardien d’un temple. Tu as franchi le Styx, franchi les rives et les berges boueuses, celles qui retiennent encore dans les marécages, dans les bras. Tu as brisé les liens, les chaines, abattu les arcanes, délivré la femme en écrivant sur les femmes. La tête haute, les pieds ancrés, droite, les coudes franco sur la table, les mains dans les mots, les doigts encrés. Tu as écrit comme on se délivre, comme on se livre à la vie, à la puissance de son désir de vivre, d’être, de s’éloigner des labyrinthes, des dédales. S’éloigner, y revenir, franchir les sentes, les chemins, trouver le sien, donner tout ou rien, commencer là où tout s’ouvre, là où tout devient.


« Je ne peux vivre entre ces murs besoin d’espace de quoi crier ma joie sans qu’un écho sinistre me renvoie un rire froid je veux aimer grand jour plein soleil quitte à brûler un peu je veux vivre haut fort pas attendre pas vivre à moitié vivre. »


Avec ton labyrinthe rien ne se ferme. Les mots prennent leur envol, deviennent corps, loin des impossibles, loin des désillusions. Ariane devient. Ariane est. Elle se perd pour se trouver. Se perdre pour se trouver. Se perdre pour devenir, grandir, être. Femme, sœur, fille, et son contraire. Femme. Avant tout. Tu avances dans le noir, tu résides partout où les mots résident, s’habillent, habitent. Tu joues avec eux, avec la phrase, avec le corps, nos corps, avec l’amour. L’amour qui est, se frotte, s’épine, s’aiguise, se désire, s’enlace, se délace, se crie, s’écrit. L’amour et toi. L’amour et nous. Les Hautes Lumières, la vie.


Mélanie,


Je ne sais écrire sans me déshabiller, sans me foutre à poil sur et dans mes émotions. Je ne sais écrire sans m’esquinter à y croire, à croire en la beauté des mots, d’une écriture, en sa puissance, sa douceur, sa tendresse, sa volonté de nous soulever, nous emmener vers des chemins que je crois loin ou indomptables.


Lire est cela.

Ecrire le devient.


Tu as écrit sur mes labyrinthes, mon labyrinthe. Celui de mes jours, de mes nuits. Celui de mes mots. Celui de ma vie, de nos vies. Celui dont je ne suis pas l’héroïne, je ne crois pas en ces femmes héroïques telles des Marvell surpuissantes. Je crois en la femme, celle qui devient, celle qui vit, vibre, est.


Quelque soit son chemin.

Quelque soit son labyrinthe.

Initiatique et lumineux.

Le sien.

Le mien.


Les mots.


Et s’assoir avec toi sur un banc.

S’assoir et devenir.

Le sens même de la vie.

« Je suis la force / l’arcane / liée au lion gueule ouverte / je sens rugir en moi l’animal / je sens son pouvoir / c’est une initiation / je le rencontre / il me transmet son savoir / je le fais mien / entre nous cette union / indéfectible /// en moi un son naît / grave / qui emplit mon corps / chacune de mes cellules / puis l’air tout autour / de plus en plus fort / c’est l’antre tout entière qui répond / je ne sais d’où vient l son / je ne sais plus / le dehors le dedans / tout est empli de cette puissante / vibration / / / longtemps après / je la sens encore / parcourir mon corps. »


Lettre à

Le labyrinthe des jours

Mélanie Leblanc

Le Castor Astral




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