Ses mains frottaient l’humus et les petites pousses glacés. Il se concentra sur son dos pour lâcher encore prise, se laisser aller totalement porter par la terre. IL apercevait quelques entre les branches. Depuis plusieurs années il transportait avec lui une carapace de fatigue qui ne le quittait plus. Chaque nuit était un muscle rouge et tendu. Jamais de repos. Le pire étant le matin, ces réveils sans aucune force, aucune envie non plus. Le temps comme une montagne Chaque jour devant l’autre. Recroquevillé comme un fœtus tremblant, à l’instant même où il laissa aller ses paupières, il s’endormit dans les bras de la forêt.
Son rêve le faisait couiner. Souriceau apeuré. Il respirait fort, mal, s’affola puis s’apaisa. Les geais et les corneilles furent d’abord effrayés par ce gémissement malsain, puis étonnés de cette bête inadéquate au sol, agonisante d’elle-même. Au bout de quelques minutes ils détournèrent leur attention de ce bout de viande aussi malencontreux qu’inoffensif. Les immenses troncs des pins firent craquer le silence sous leur poids. Sa respiration se fit plus lointaine. Il dormait encore d’un profond sommeil mais ne rêvait plus. La paix revint dans l’ombre. A quelques centimètres de son corps, les petites dents d’un hérisson attaquaient la chair d’une larve toute neuve.
Premier tirage place St Sulpice à Paris en juin 2016.
Deuxième éditions à l’automne 2018, imprimée dans l’atelier audomarois.
www. Lesventerniers.com
Ces textes et photographies sont protégés par le droit d'auteur. Merci de ne pas les reproduire sans autorisation
!Le repos des épines
Texte : Thomas Vinau - Le repos des épines (ed. Les Venterniers)
Photos : Sabine Faulmeyer
Expo photos : 1er - 30 septembre 2022
Librairie La Vagabonde
31 Rue Bernard Palissy 37000 Tours
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