Il se redressa laborieusement en tirant de toutes ses forces sur les lianes et les ronces, fermant les yeux pour les protéger. Ecorché, il finit par atteindre un trou d’air et de ciel, simili clairière un peu plus dégagée et s’y écroula en râlant. Le vent léchait sa peau trempée. L’après-midi finissait de dérouler sa courte pelote de laine. Assis dans l’herbe humide, au creux d’un vallon minuscule épargné par l’armée végétale, un engourdissement plaisant l’envahit doucement. Il était arrivé tout en bas de la colline, au pied d’une autre colline, au cœur perdu de la forêt.
Il s’allongea et posa sa tête sur une motte imbibée de glace fondue. Il s’étendit complétement, les yeux au ciel et les deux bras bien serrés le long du corps, se laissant absorber jusqu’à disparaitre dans le frottement de ses paumes contre les touffes spongieuses et sales du sol. Il caressa, hors du temps, le sommier grouillant et humide du monde en respirant profondément. Parfaitement vaincu, il eut l’impression de pouvoir enfin commencer à penser normalement. Les mots n’étaient plus des clous qu’il s’enfonçait dans la tête mais des portes qui ouvraient sur de nouvelles pièces. Des mots et du souffle comme du pain et de l’eau.
A suivre...
Ces textes et photographies sont protégés par le droit d'auteur. Merci de ne pas les reproduire sans autorisation !
Le repos des épines
Texte : Thomas Vinau - Le repos des épines (ed. Les Venterniers)
Photos : Sabine Faulmeyer
Expo photos : 1er - 30 septembre 2022
Librairie La Vagabonde
31 Rue Bernard Palissy 37000 Tours
Comments