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Photo du rédacteurSabine

Laurence Potte Bonneville - Jean Luc et Jean Claude

Dernière mise à jour : 5 sept. 2022



« Aller voir les phoques, les voir nager, souffler l’eau par leurs narines, les regarder disparaitre dans les vagues, s’étonner de leurs longues moustaches et de leur nageoires comme des pieds, s’imaginer jouer avec eux, parmi eux dans l’écume, on ne se noierait pas, capter leur doux regard indifférent, s’allonger sur les rochers, le long de leurs flancs criblés de sable, et reprendre son souffle, s’ébrouer ensemble Faire les andouilles, faire les sauvages. »

Il y a des romans, qui deviennent des coups de cœur. En raconter l’histoire ne servirait pas à grand chose tant elle vient se nicher dans les frontières de l’imaginaire, de la tendresse quotidienne, dans les profondeurs de la délicatesse et de la bonté.


Dans Jean Luc et Jean Claude, il est question de jeudis, d’un billet de loterie, de verre de soda ou de chocolat chaud, d’une Citroën au réservoir quasi vide, de diabète et des piqûres de rappel, d’un parking de supermarché la nuit, de parkas puantes, de Abbeville et puis non finalement, d'animaux aquatiques, veaux marins qu’on irait bien voir, de tempêtes, d’un foyer d'accueil tout aussi paumé, de policiers qui se demandent si les deux fêlés du coin sont vraiment aussi fêlés que ça, de cueilleurs de champignons, d’une classe en sortie scolaire et surtout d’une phoque aux yeux remplis de larmes de détresse…


Jean Luc et Jean Claude.

Et certains jeudis sont des jours qui deviennent une beauté à ne pas louper.


Il serait facile d’écrire sur la petite férocité bancale du quotidien, des jours gris, les longues tirades des épisodes sans fin, des centres et structures d’accompagnement des fêlés et autres zinzins de Picardie ou d’ailleurs. Il serait simple de dresser le portrait de deux gus-gus pas tout à fait fini. Mais Laurence Potte-Bonneville nous emmène ailleurs. Loin des tourments et des clichés, loin des murs gris, des chambres fermées, proche de ceux qui croquent la vie à pleines dents. Juste parce qu’il y a des rêves à réaliser.


Il faut se laisser aller à l’écriture poétique, tendre, émouvante de Laurence Potte-Bonneville, à ces petites vérités esquissées qui disent combien la beauté réside partout, dans chaque être comme dans chaque lieu, dans chaque brin d’herbe, une rencontre singulière. La beauté de dévier et d’emprunter les routes secondaires, les grèves et autres plages, les lieux tristes. Et c‘est tout cela qui est beau. Beau comme une douceur, une tendresse, un poème en prose, une chanson connue qu’on fredonne pour se donner un peu de courage. C’est beau comme la pureté, la vérité simple des gens simples, d’un monde simple, d’une onde simple. Beau comme un monde qui s’arrête de tourner pour regarder chaque particule qui le compose, chaque être et chaque réalité. Beau comme un signe du destin, une phoque et un bout de merlan qui émerge d’un vêtement, d'une parka puante.


Il y a une vraie force sincère et réelle à découvrir sous nos yeux cette cavale imaginée, ce road-trip bancal et confronté à la réalité du quotidien, les petites cruautés assassines, la férocité des jours. Et pourtant il y a aussi toute la tendresse, les rires et la douceur, la générosité absolue. Et c’est tout cela qui est beau, tendre à lire, à découvrir sous l’écriture ciselée et à la fois forte de Laurence Potte-Bonneville.


« C’est donc ça se faire du souci ? Un papier de soie, qu’on déplie sous la pluie ? »


(Lu dans le cadre de la pré-sélection des 68 première fois - merci aux Editions Verdiers pour le service presse offert)



Jean Luc et Jean Claude

Laurence Potte-Bonneville

Verdier

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