« La grosse Gisèle porte des robes de coton beige et des chaussures de vieille femme. Ses longs cheveux sont retenus par un élastique très serré, ce qui fait que l'on peut suivre, si l'on veut, le sillon de ses racines jusqu'au pli du caoutchouc. Son front, immense, constamment en sueur, hiver comme été, réfracte la lumière, attire tous les regards. »
Où se niche le désir ? Dans quel recoin des mémoires réside-t-il ? Habite-t-il nos souvenirs, nos mélancolies et vies ? Comment se tisse-t-il, comment se tissent les actes de transgressions fabriquant l’amour, une vie, des rêves, une liberté, des désirs ? Nos secrets si bien gardés dans nos chairs, nos ventres, sur nos lèvres et poitrine gonflées par et de cette soif, de ses marques et odeurs, d’une sensualité enfantine, adolescente, d’adulte. Des fantasmes ? Et les mots restent fascinés par ces souvenirs, cette mémoire transgressive, ces actes inavoués.
L’envoleuse. Celle qui vole,
vole.
Libre de tout envie, de tout désir
Et de désir.
Ce désir encombré des corps, d’amour, le trop d’amour, des mots muets, l’ennui, la honte, des silences, des interdits, des rêves inassouvis et de vies contrariées. L’envoleuse qui avant de s'envoler a tout pris, volé, pillé, dans un dernier soupir, comme un acte délibéré, un acte de liberté. L’envoleuse de ce qui a été, de ce qui a vécu, des souvenirs qui restent tapis dans les méandres de la mémoire, les marques, les tatouages, les souvenirs, les résidus, les affranchissements à ce qui auraient pu être. Une vie. Des vies. L’amour.
Un premier roman étonnant, détonnant où l’intime vient nous bousculer dans des fantasmes qui ne sont pas la vie, de cet imaginaire qui construit son fil, un fil délié, lié, façonnant les corps et les envies, sa propre liberté, son amour.
Un fil de soi résonnant dans les silences, les espaces, l’intimité et l‘intime, la figure triomphante de ce visage, cet être qui est là, en nous, entre les mots, l’envie et ce moment où le geste se retient, la duplicité fourbe où nos interdits resurgissent. Que transporte-t-on nous dans nos bagages si secrets, si intimes, lourds ? Que laissons-nous voir, toucher ? Quel regard contrôle nos vies ? Quel poids, pesanteur, légèreté ? Qu’acceptons-nous de laisser partir, s’envoler ?
« C’est une chose singulière de comprendre qu’une petite fille de dix ans vous vole un arbre dans la cour, votre temps, votre vie peut-être. »
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