« Et c’est là que je l’ai vu… la petite dame du parc. Elle était seule, Josette. Et drôlement belle. Je me surpris à remarquer ça en cet instant inopportun. »
Tout est gris et triste dans cette maison où le soleil peine à passer ses rayons. Les meubles sont gris, la tasse de café et la cafetière sont grises. Seules la nappe qui recouvre la table et la barbe de Jeannot jouent avec le blanc. Le blanc de la vieillesse. Le blanc immaculé, rangé, soigné, ordonné, classé, trié, nettoyé. Un blanc où rien ne dépasse pas même une miette de pain du petit déjeuner.
Pourtant il y a quelques années encore, c’était la vie et ses couleurs qui virevoltaient, se mélangeaient allègrement, s’unissaient dans la joie, les rires et l’amour. La vie et le bonheur. L’amour ce remède permanent face aux temps, aux cris et aux silences, à l’espoir qui meurt, devient tel des roses, épineux, impossible à concevoir, vivre. Une vie et une colère permanente, terrible, aigrie, comme ces espaces verts, ces arbres, ces fleurs que l’on coupe pour empêcher l’amour de croître, le bonheur de revenir.
Jeannot, c’est un peu cela. Ex jardinier de son état, il vit en écoutant pousser les fleurs, les arbres qui lui susurrent des mots doux. Un super méga-pouvoir en quelque sorte. Mais de cela, Jeannot n’en veut pas. N’en veut plus. L’amour et son printemps miraculeux l’empêche de dormir, brise son harmonie de vie rangée, classée, organisée, alignée. L’amour lui remue son passé. Et du passé, il a fait table rase. Alors lorsque dans un jardin public, il rencontre Josette - Chaussette, l’amour qui tape aux branches et aux épines va l’obliger à se confronter, faire lever et récolter les graines du passé.
Jeannot est une des histoires de la collection « Les cœurs perdus » de Loïc Clément. Et on y retrouve pour notre plus grand bonheur Chaussette, une grand-mère comme un bonbon, sucre d’orge, comme un rappel à aimer la vie, à faire fi de bois des épines et ronces, de la tristesse et l’impossible consolation face au passé, de profiter des moments tels qu’ils sont. Tout le contraire du bougon ronchon Jeannot.
On y reconnait la douceur, l’humour, la bonhommie, la tendresse vis-à-vis de ce troisième âge pour lequel l’amour est ce qu’il reste quand il devient impossible de se confronter à la vie. Il n’y a nul mélo ou sirop à l’eau de rose, juste ce bon dosage entre ce qui est et ce qui vient, entre le deuil et ce qu’il encore possible de vivre, d’aimer.
Les illustrations de Carole Maurel accompagnent le scénario en jouant avec les couleurs, le mouvement, l’allégresse, la trame d’un printemps, été, automne aux portes de l’âge. On se love dans les rondeurs, la douceur, l’humanité, la chaleur, la sensibilité poétique d’un poème de Ronsard, d’ Eluard face à Elsa, d’un cœur perdu qui retrouve la vie.
« Si Josette le voulait bien, il était maintenant l’heure de mettre un peu de désordre dans ma vie. […] Il devenait urgent de vivre. »
Pourquoi pas ? J'aime bien le dessin et puis la tendresse, ça ne se refuse pas !
Voilà qui me plaît beaucoup !
Ce Jeannot me plait beaucoup :-)
Ohlala...! Je ne l'ai toujours pas mais il me la faut !
Cela me fait vraiment très envie!