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  • Photo du rédacteurSabine

Kate Templest - Fracassés


« UN. Nos yeux fermés DEUX. Mais nos consciences éveillées - UN. Et ce vieux mantra obsédant et envahissant - TROIS. L'espoir fait vivre, mais pas longtemps. »


Il faut que tu saches quelque chose, quelque chose qui enlève le sacré, casse les normes et les idées reçues, les schémas édictés. J'écris sur les livres, je souligne des passages, note dans les marges, corne les pages, délie les mots, me ressource à l'écriture plus qu'à l'histoire, la narration. J'aime le ciselé, la justesse, la beauté simple d'une phrase, de sa profondeur. J'aime quand ça percute, sonne, vient réveiller quelque chose de profond, embraser ma vie. J'aime quand ça me fracasse ou me parle avec douceur et profondeur. J'aime la sonorité d'une lettre, la sensualité d'une phrase, la sensibilité d'un mot, la folie d'un paragraphe, la réalité des forces contraires, des rêves qui nous appartiennent.


« Les non-dits seront devenus tellement lourds qu'à la fin, même nos engueulades se feront dans le silence. »

Ils sont trois. Trois à refaire le point sur leur vie. Trois à s’esquiver, essayer, tenter, se perdre, fumer, se brûler au quotidien, à la perte et aux fracas du rien, de la non envie, des désillusions et fracassements. Trois oscillant sur un fil partant à la dérive d’une génération stéréotypée. Trois à écouter la ville, leur corps tombé, leur vie se perdre, se rendre à l’évidence que seuls les songes sont une réalité, que les rêves ont déjà fui. Noyade dans les fumées du shit, des alcools trop forts qui aident à colmater les vides, à sommeiller dans l’absurdité d’une vie bien tracée.


Et ce bouquin c'est cela : tous ces songes qui t'habitent, que tu ranges soigneusement dans un tiroir de ta mémoire. Un tiroir fermé. Et puis la rage, la lutte, l'emprisonnement que tu opères, les petits renoncements achèvements quotidiens où t'évader ne rime à rien. Alors un beau matin, tu déchires les pages, tu écris dans les marges. Tu te fracasses un peu plus loin que cette foutue ligne d'horizon bien plate, te confrontes à ta propre réalité, ta violence, tes envies, le brut, ta puissance. Tu ranges l'uniforme, le monologue et tu te défaits, te déshabilles, prends ton élan et sautes. Tu casses, brises le schéma, rayes, ratures, gommes. Une existence qui se fracasse aux désirs envolés, au monde, à la grisaille et la routine.


Et le slam, la voix de Kate Tempest qui vient te chercher là… dans ce vide que tu colmates et déchires, fracasse.


A cœurs fracassés.

« … si tu ne vis pas tes rêves, ils resteront emprisonnés derrière tes paupières. [...] Tout ce que tu aimerais être en secret, tu l'es. Fais-nous confiance. Toutes ces émotions, tu dois t'y accrocher, y faire face - mec - les embrasser. La vie t’appelle- elle attire- elle ne cesse de grandir. Respecte la - prends la dans tes bras. Écoute-la et regarde-la. Faut pas laisser ta vie filer. En finissant. Fracassé. »


Fracassés

Kate Templest

L’Arche

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