J'étais comme une pieuvre tu sais Et je voulais vraiment Qu'elle s'endorme au fond de mes bras Dans les tréfonds de mes bras Rien ne m'intéressait plus alors Que mon destin de pieuvre il n’y avait plus d’existence aucune j’étais comme une pieuvre et la lumière ne m’atteignait même pas ni celle du soleil Ni celle de la surface Pas même celle des autres j’attendais ce moment où sa lumière à elle ne m’atteindrait plus alors je nierai en la présence des autres que je me suis intéressé à elle une seconde je nierai je nierai l’amertume et le désir je nierai les nuits à me rendre malade à ne pas dormir je nierai je nierai le sud et je nierai le nord je nierai les régions traversées avec penser à elle pour seul paysage je nierai la souffrance quand elle se détournait de moi pour les plaisirs simples je nierai la brûlure de mes genoux loin de ses genoux je nierai que les foules ont un visage que les fêtes ont un visage que les projets ont un visage et que les visages au quotidien ont le visage laid et glaçant de nos séparations je nierai que penser à elle m’a permis de m’endormir autant qu’il m’a tenu comme un animal apeuré au cœur des nuits solitaires je nierai le plus possible pour en dire le plus possible comme pour en taire le plus possible Tout garder, Garder chaque sensation jusqu’à l’étouffement Le juste étouffement des circonstances perdues. J’étais comme une pieuvre tu sais avec trop de bras pour une seule idée fixe.
Poésie
Jérôme Attal
Un été jaune carré
(Pour le respect de celles et ceux qui ont accepté de publier sur ce blog, les textes et les photographies sont protégés par le droit d'auteur. Merci de ne pas les reproduire sans autorisation)
Jérôme Attal est un poète. Un poète de l’éternel, celui qui d’un sourire caché derrière des lunettes noires nous fait voir la vie, une vie lumineuse, une vie qui oscille entre gouttes de pluie et rayon solaire. Un poète des jours mélancoliques, un poète déchu maudit comme le sont les anges que l’on aime parce qu’imparfait mais d’une noblesse de cœur, d’une générosité sensible, douce, belle. Jérôme est un ange oui. C’est cela. Le genre d'ange que l’on croise et qui nous émeut, nous fait rire d’un petit cœur colorié, dessiné à la pointe d’un stylo bic aux quatre couleurs, d'un son sorti de sa guitare qu'il ne quitte jamais.
Ecrivain aux multiples talents, chercheur d’un imaginaire aux accents de l’enfance perdue, une madeleine que l’on savoure religieusement, tendrement dans la clarté lumineuse d’un soir anglo-normand, des chansons plein la tête, sa voix aux accents proustiens…
Oui Jérôme c’est tout cela, une tendresse, une saveur de cette part que l’on cache en soi une fois devenue adulte, un sourire mélancolique et qui tient chaud, bien chaud, un pilier d’une amitié aux saveurs castelleroussines. Et des romans qu’il faut apprendre à lire, découvrir dans sa bulle, sous un édredon et garder précieusement dans son cœur.
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