top of page
  • Photo du rédacteurSabine

Julie Delporte - Journal



« 12 février 2011
Voilà nous avons décidé de ne plus habiter ensemble. [...] J'ai taillé mon crayon de couleur noire jusqu'à ce qu'il n'en reste presque plus. A l'intérieur la mine était cassée et soudain le crayon m'a fait penser à nous. »

Comme un long travelling, le feu brûle encore les corps, peaux, âmes. Se quitter et quitter. Mettre un peu de baume là où il est possible d’en mettre, mercurochrome et pansements, tenter d’échapper à ce qui était, est, aux colères et angoisses, aux illusions, aux rêves et cauchemars, aux envies et besoins. Ne plus attendre. Ne rien attendre. Déchirer en petites coupures les souvenirs avant de disparaitre complètement et de flirter avec le noir, les vides, les gouffres et ravins, les errances. Se perdre dans les silences, le corps indocile, les ventres furieux, les maux et les regrets, les souvenirs et la vérité, les mensonges, les miroirs du chagrin. Disparaitre en silence, s’éloigner.


« 20 février A quoi tiennent les choses. »

Fragments d’un discours amoureux. Tu et Je. Tu.Je.


« 29 juin Sur le tableau de la cuisine, tu as effacé le je t’aime Julie. »

Trouver le crayon, le fil qui recoud les plaies, les cœurs, les épidermes. Suturer et crayonner. Dessiner les fragilités, les vertiges, les émotions brutes et intranquilles, les espoirs, les ivresses, les matins, les soirs, croquer les gestes du quotidien, les pensées sauvages et insatiables. Dessiner les pertes, la perte. Tenir par la force, à la force des livres, des mots, des lectures. Côtoyer Annie Ernaux, Tov Janson… Allier les jours amers à ceux plus doux, la honte, les douleurs, la souffrance, les envies folles, l’espérance, la vie matérielle. Ecrire un journal du dehors, du dedans, l’amour, le désamour. Ecrire. Tailler la mine du cayon de couleur noire jusqu’à disparition du graphite. Tailler et sortir les couleurs. Colorier les pages d’un carnet, d’un journal de bord, d’un journal de vie.


« 09 sept Je voudrais m’arrêter de m’adresser à toi dans ce journal. »

Intime et personnel et pourtant classique, universel d’une histoire d’amour… De celles qui se finissent mal en général. De celles qui exacerbent les corps et les âmes, qui enflent les cœurs comme enflent les plaies, le sang, ancre les colères et les chagrins, la mélancolie, la solitude, les manques, la séparation. Signer la fin sensible sur le fil. Libérer les doutes et les angoisses à l’aide de crayons, d’un dessin esquissé, d’un trait appuyé, d’une couleur salvatrice et créatrice, libératrice. Déliter, raconter, porter sa voix avant de décider d’effacer ou de garder une trace. Celle d’un amour. Encore chaud. Encore doux. Encore sensible. Dessiner pour ne pas oublier, ne pas signer une fin mais la fin.


« Oct 2012 Je croyais qu'une rupture ce n'était rien. Qu'on pouvait se séparer et garder la même vie, les mêmes cadres aux murs, les mêmes amis, les mêmes habitudes, le même quartier. »

« 20 octobre Nous sommes deux extrêmes, et parfois, nous nous retrouvons au milieu. »

Et retrouver la chronique de Moka



Journal

Julie Delporte

Editions Pow pow



21 vues3 commentaires

Posts récents

Voir tout
bottom of page