« Aujourd’hui, peut-être, ce n’est pas pareil. Je te dirais les choses comme elles sont dès les premières interrogations : on se parlerait durement une fois, puis on s’éviterait longtemps, et enfin, on guérirait. On n’aurait pas le temps de se faire du mal, d’être cruels, jour après jour, insidieusement. Mais à ces âges-là, nous éviter était un loisir que nous n’avions pas. Nous nous aimions et détestions sans air pour respirer. »
Je n’aurais jamais dû croiser ton regard, ça aurait plus facile pour t‘oublier. Ne pas me laisser bercer par de fausses possibilités, des interdits jamais exprimés, des espoirs caressés, des je t’aime moi non plus. Nous deux, ça n’aurait dû s’écrire comme ça. Mais ça aurait été trop facile, trop écrit dans l’Odyssée.
Pénélope et Roméo.
Tu parle d’une histoire à l’eau de rose.
J’aurais préféré les nuits fauves.
Pour rien au monde, j’aurais voulu en arriver là, à ce que tu arrives à m’éjecter, à ne plus vouloir rembobiner la bande son, du premier baiser.
Tu m’as interdit bancaire.
Interdit de découvert.
Amour rejeté.
Notre histoire aurait pu être une parenthèse, une flute enchantée, un bon gros son pour nos cœurs réchauffés. Ta partition rejoignait la mienne. Nos accords s’enlaçaient. Entre métal et rock progressif, on se frôlait, s’envoutait. Mélodie en ut majeur. Tu étais ma Péné. J’étais ton Roméo. Mais tu m’as tué. Tu m’as flingué avec tes yeux revolvers, avec ton air de celle qui ne voulait pas m’aimer mais qui m’aimait quand même. Enfin j’ose y croire.
Je n’ai pas rêvé, hein dis moi ?
Il s’est passé quoi Pénélope pour que tu me vires de ton cœur, de ton corps, de ton âme ? Il s’est passé quoi pour que le désir qui brûlait devienne incontrôlable, un embrasement, un incendie, une fournaise.
Et tu m’as laissé dériver,
te regarder,
t’approcher.
Sans avoir le droit
de te toucher.
Nous deux ça aurait pu être une belle histoire, un beau roman, un truc d’aujourd’hui. Cela aurait eu de la gueule de s’aimer tendrement. Je ne peux t’en vouloir. J’aurais juste aimé naviguer encore près de toi, t’enlacer un peu plus longtemps, me rapprocher de tes bras, m’ancrer. Ma Péné. My funny Valentine.
Stay little Valentine, stay
« J’aurais peut-être dû faire attention à ton cœur, quand tu me l’as collé dans les bras. Je l’ai piétiné, et ça ne se fait pas – même à petits pas précautionneux, on n’a pas le droit ; on ne brise pas les cœurs, voilà. Je suis désolée. Peut-on briser un cœur avec douceur ? Ça m’a semblé un processus si naturel, je n’ai pas dû l’inventer. Peut-on briser un cœur avec douceur ? »
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