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  • Photo du rédacteurSabine

Jonas Fortier - Courbure de la terre



« le passé ressemble à une collection de gouttes brillantes. »

Illusion, horizon, courbure plate et pluie platonique d’un ciel illimité, sans issue. Dépression d’un lieu, d’un univers où palpitent les vertiges et tempêtes, les errances mélancoliques, les corps des amants perdus, les repères d’un temps déboussolé, désorienté. Chutes. Deuils. Étourdissements des attentes et des pertes. La vue se trouble, imprécise, clairsemée. Les élans s’acceptent comme il est possible d’accepter ce qui parait impossible, éloigner, irrationnel, solitaire. Quelque chose crie, quelque chose se vide, quelque chose se paralyse dans les bras et les hontes.


« nos corps ne font qu’un chaque amant voit sa peau »

Au loin, la vie continue, ne cesse, délicatement et sourdement, mélancoliquement. De son regard vide, elle défait les liens, les promesses des nuits noires, obscures, absentes. Quelque chose comme une cime, un espoir, une hauteur, une palpitation, un quelque chose du quotidien, du somme toute, du pourquoi pas, des possibles désinvoltes et des jours de pluie de bohème, des nuits ouvertes.


« j’attends »

Dans les mots, la poésie se pose, s’aère. Le rythme lent transforme la tristesse en contemplation, en des vécus imagés, une destinée flottante et grisante. Le monde réinvestit l’horizon, le ciel se courbe, les présences agissent et se redécouvre, se découvre. Le phénomène optique s’élève et cesse les paraboles et obstructions. L‘envie, le désir, les désirs, entre les plis, se dessinent, s’esquisse, se soustrayant aux bruits des passants, aux bruits des peaux.


« les petits bleuets contiennent l’esprit c’est pourquoi tout guérit. »

Reste la douceur, les sourires après les nuits noires, après les abandons et les tristesses insolubles dans l’eau. Le gris des visages des buvards défaits, des pages écrites, des attentes. Les cheveux ondulent naturellement, l’âme s’entrouvre au temps, à la pluie, à la richesse des corps soufflés par le vent. L’œil effleure le la vie, le regard s’ouvre. Surréalisme existentiel qui ne guérit.

« et que tout recommence cette nuit »


Courbure de la terre

Jonas Fortier

L’Oie de Cravan

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