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  • Photo du rédacteurSabine

Jean Baptiste Pedini - Trouver refuge

Dernière mise à jour : 17 mars 2021


« Délier le paysage. Si l’angoisse de vivre tient. Si le désir s’étiole, on peut se contenter d’en picorer les miettes. Un rejet curieusement seul dans les branches d’un cerisier. Une langue sèche au fond du puits. Les paniques en fleurs. Et les ronces dedans. Et la fragilité des pierres. On peut s’en contenter. Faire des fenêtres un temps mort. »

« Trouver refuge » … ce refuge, un lieu pause, un lieu nid, un lieu lit. Un lieu qui nous apaise, nous transporte, nous guide, nous grandit. Un lieu, un refuge. Trouver refuge. Se réfugier.

J’ai gouté les mots, ai aspiré les textes courts, tendres, gracieux, doux. Ces mots qui quelque part me reliaient à mon refuge intérieur, à mon moi. J’ai écouté les sons, accepté les cerfs-volants perdus, les fils cassés, la pluie qui soudain, venait glisser sur mes cheveux, une pluie fine comme un chagrin qui coulait et se dispersait devant la magnificence du lieu, la douceur de ce fleuve sauvage et unique. L’horizon redevenait couleurs, rouge solaire. Un jour se levait. Imaginaire d’une enfance qui se reconstruisait, qui avançait.

J’ai tourné, retourné « Trouver refuge », mon refuge, les pages. Plus d’une fois je suis revenue sur les mots, cette lente mise en bouche que me proposait Jean Baptiste Pedini, cette renaissance. Devant moi s’étendait une ile, l’ile comme refuge… ermite, solitaire. Trouver refuge. Entre deux méandres, deux bancs de sable mouvant. « Autant de petits cailloux blancs à essaimer encore ».


« Tous les jours, c’est pareil. La mélancolie nous précède d’un pas. Elle est le rayon de soleil qui traverse les volets. Le silence déjà chaud dans la gorge. Elle est cet arrière-goût latent. Elle est l’arrachement. Le bouquet paqueté de ronces. Le saccage dedans. Les souvenirs plumés avant que l’oiseau ne s’élance. Tous les jours on le sait. Elle dépose à nos pieds la dépouille chaude de l’enfance. »

Accompagnant les mots, j’ai marché, donné la main aux paysages et au jour baissant. La narration de l’auteur me liait à ce que je ressentais, voyais, entendais, à cet enfant qui courait, riait. Je ne trébuchais plus sur les lézards qui filaient entre les pierres, entre les chats noirs qui venaient se faufiler entre mes jambes. J’étais « au premier rang de l’enfance » et la prose de l’auteur était là pour me le rappeler. Une prose tout en douceur, tout en recueillement et partage. Des mots refuges, ceux qui nous ressemblent, nous acceptent tels que nous sommes, je suis, en font ce lieu où je me sentais acceptée.  


« Ici on se sent bien. Quand on perd la distance entre une aurore aphone et le bruissement des blés. Quand la vapeur monte. Quand on ne distingue rien au-delà de la voie ferrée. Quand ça crisse. Quand l’arbre plie. Quand une ombre va de main en main sans obscurcir les branches. Quand personne n’y prend garde. Quand la fragilité du ciel est un regard qui nous tient. »

« Trouver refuge »….

« Quelques poèmes en manière de bûches », se réchauffer et « Repousser ce moment où l’instant capitule. Pousser des pieds la nuit. S’étirer tranquillement et prendre de la place. Se donner de la place. Là. Ici et maintenant. Entre chien et loup. Au mitan de la défaite et des rêves. Quel drôle de pli on prend à attendre de vivre. Quelle drôle de manière de courir ainsi après la fatigue et de laisser demain prendre la place d’aujourd’hui. » (Thomas Vinau - La part des nuages).


Trouver refuge Jean-Baptiste Pedini Cheyne Editeur

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